Deux cents millions de dollars (220 millions d’euros) ! C’est le manque à gagner souligné par IBM dans son profit warning sur un seul compte : celui de son client Apple pour la vente de PowerPC G3 sans doute destinés principalement à l’iMac. Le passage de celui-ci au G4 a un impact direct sur le géant de l’informatique et souligne à quel point les iMac G3 restants ne représentent sans doute plus une ligne de commande importante d’Apple pour IBM. Seul l’iBook utilise encore les puces PowerPC 750, mais pour combien de temps ? IBM l’aurait-il bien senti ? Le géant a contracté une alliance avec Sony et Toshiba pour diffuser ses PowerPC, afin que ceux-ci soient intégrés dans des caméras vidéo ou dans des consoles de jeu. IBM se retrouve donc, près d’un an après Motorola, avec la même obligation : élargir le marché de ses puces et y faire adhérer d’autres clients pour pérenniser leur existence. Et Sony et Toshiba ne s’en plaindront sans doute pas : les savoir-faire d’IBM vont leur être transmis dans des domaines aussi stratégiques que le silicon on insulator ou les puces intégrées (system on a chip) pour des applications embarquées. Le pari d’IBM, c’est de faire entrer de plus en plus l’architecture PowerPC dans des appareils électroniques grand public. « Nous visons MIPS avec le soutien de Motorola », a précisé Ron Tessimore, vice-président des technologies PowerPC réseau d’IBM, à nos confrères de ZDNet.
Car le problème est bien là : IBM et Motorola n’ont pas eu à subir de pression concurrentielle directe sur leurs développements PowerPC en ce qui concerne le marché des ordinateurs. IBM utilise ses puces dans des serveurs et vend une part importante de cette déclinaison de l’architecture PowerPC à Apple, quand Motorola ne dispose jusqu’à présent que de la Pomme comme constructeur informatique intéressé par l’architecture RISC (voir édition du 23 octobre 2001) ! Le reste des activités d’IBM et de Motorola concerne les puces moins complexes issues de l’architecture PowerPC et intégrées dans des périphériques, des appareils destinés aux réseaux informatiques ou encore des matériels industriels… Un modèle économique sujet à caution, d’autant plus que les deux industriels ne s’étaient plus mis d’accord sur leur stratégie de développement depuis que Motorola avait fait le choix d’intégrer un moteur de traitement vectoriel dans l’architecture, le célèbre moteur AltiVec, inutile pour les marchés auxquels s’adresse IBM ! Depuis, les choses ont changé, ce fameux moteur de calcul vectoriel ayant fait ses preuves dans de multiples secteurs très demandeurs en capacités de traitement.
Mac OS X sur processeur AMD 64 bits ?
Toutefois, avec tous ces aléas, la rumeur d’un portage de Mac OS X sur la plate-forme X86 reprend corps : il se dit qu’Apple travaillerait sur une version 64 bits de son Unix qui pourrait être portée sur un processeur d’AMD, le Clawhammer (voir édition du 16 octobre 2001). Elle est alimentée par une autre rumeur, véhiculée par The Inquirer, qui indique qu’aussi bien ATI que nVidia travailleraient à des versions de leurs cartes graphiques destinées à Mac OS X sur X86 ! Si certains ingénieurs de la Pomme avaient bien étudié la possibilité de charger Mac OS X sur des PC, peu de rapports faisaient état d’un travail de sociétés externes à Cupertino. Mais qu’une telle préparation soit dans les tuyaux ne paraît pas absurde : si Motorola se décide à vendre ou à fermer les portes de son unité de production de puces d’ici à l’été, à l’issue de la décision que prendront ses dirigeants (voir édition du 27 août 2001), Apple se trouvera dans une fâcheuse posture. Et IBM ne pourra sans doute pas lui être d’un grand secours. La firme prépare donc probablement une solution de rechange. Mais il ne s’agit sans doute pas de la seule : Cupertino pourrait bien également louer les services d’AMD pour fabriquer des processeurs conçus en interne. Apple se trouve donc bien à la croisée des chemins et, alors que sa stratégie de système d’exploitation s’avère être un succès, il lui faut se battre pour soutenir le moteur de ses machines, le PowerPC, ou trouver une solution intermédiaire. Des surprises en perspectives !
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