Qui facilite l’accès au numérique des handicapés ?
Bill Clinton a dévoilé hier son plan pour favoriser l’accès des handicapés aux nouvelles technologies. Il prévoit de distribuer 10 millions de dollars en faveur de la recherche dans ce sens. Un exemple à suivre en France ?
Dans le cadre des initiatives pour lutter contre le « digital divide », qui correspond à notre « fossé numérique » national, le président Clinton vient d’annoncer son plan pour favoriser l’accès des handicapés aux nouvelles technologies. Au total près de 10 millions de dollars seront répartis entre recherche publique et privée. Bill Clinton s’est fixé cinq objectifs : favoriser l’accessibilité et les possibilités d’utilisation des outils existants par les personnes handicapées, améliorer les technologies existantes, assurer l’accès des personnes handicapées aux aides existantes pour réduire le « digital divide » et créer des opportunités d’emploi liées au numérique, employer les technologies de l’information pour favoriser l’emploi des personnes handicapées et enfin permettre aux personnes handicapées, dont les revenus ne le permettent pas, d’avoir accès aux technologies développées.
Cette annonce intervient en même temps que l’arrivée des nouvelles notes techniques du W3C pour l’accessibilité des contenus du Web. Depuis trois ans, la Web accessibility initiative (WAI) mise en place au sein du W3C chargé de définir les standards du Web, fournit des directives pour favoriser l’accès à Internet des personnes handicapées. « A la fois sur les contenus d’une part, les outils d’édition d’une autre et aussi sur les navigateurs, » précise Daniel Dardailler, directeur technique de la WAI. « La directive en place pour l’accessibilité des contenus du Web est celle du 5 mai 1999, elle fixe les modalités générales. A peu près tous les 6 mois sont ensuite éditées des notes pour l’application technique des principes d’accessibilité, c’est le cas aujourd’hui ». La WAI bénéficie essentiellement de financements américains et européens, « nous ne raisonnons pas au niveau national, aussi on ne peux parler d’aucune d’aide directe provenant de la France », reprend Daniel Dardailler.
La WAI travaille avec des associations telle BrailleNet qui oeuvre pour un Internet pour l’intégration scolaire, professionnelle et sociale des personnes handicapées visuelles. La question est de savoir quels sont les fonds directement consacrés par l’Etat français à la recherche pour l’accès des personnes handicapées aux nouvelles technologies. Le président de BrailleNet, Dominique Burger, ingénieur de recherche à l’Inserm, répond sans hésiter : « Rien ! » avant de s’expliquer, « on pourrait éventuellement insérer des mesures en faveur des handicapés dans le texte du 10 juillet 2000 pour la réduction de la fracture numérique, mais pour l’instant aucune ligne n’y fait allusion ». Selon lui le problème français est avant tout culturel : « Le handicap en France n’est pas du ressort du médical mais du social ».
Fait significatif, aucun laboratoire de recherche en France ne travaille sur un thème « technologie et handicap » : « ni à l’Inserm, ni au CNRS, ni à l’Inria » déplore-t-il, « alors que cela existe aux Etats-Unis et dans d’autres pays européens ». Résultat : pour mener des recherches sur ces sujets, il faut louvoyer. Sans parler des crédits. « Les choses ont toutefois beaucoup évolué depuis 1987 et la création du Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, l’Agefiph, qui permet de bénéficier indirectement de financements, mais il manque clairement une politique volontariste pour développer les nouvelles technologies pour les personnes handicapées ». Finalement, l’exemple américain, même s’il est difficilement comparable à ce qui se fait ici, peut faire avancer la question en France. « Une chose est sûre, pour nous c’est un nouvel argument de taille », conclut le président de BrailleNet.
Pour en savoir plus :
* La WAI
* BrailleNet
* La page du gouvernement sur l’accessibilité du Web pour les personnes handicapées