L’affaire MPEG-4 Visual tourne à l’échange épistolaire intensif. L’affaire MPEG 4 Visual ? Sur le fond, il s’agit des questions de droits et de revenus que le nouveau format initie en tant que standard de compression numérique. Pour le moment l’association chargée d’arbitrer les négociations sur un accord de licence n’a fait que présenter un premier jet de propositions, le 31 janvier dernier. La licence en question repose sur des brevets détenus par pas moins de 18 sociétés dont Canon, France Télécom, Fujitsu, Hitachi, Hyundai, KDDI, Matsushita, Microsoft, Mitsubishi, Oki, Philips, Samsung, Sanyo, Sharp, Sony, Telnor, Toshiba et Victor. La première proposition de l’association indique que compte tenu des apports intellectuels et des contributions essentielles fournies par ces acteurs, des royalties raisonnables allaient être récoltées afin d’être partagées entre les participants industriels. En substance 0,25 dollar (0,28 euro) par décodeur matériel ou logiciel à fabriquer et vendre ou pour créer des données vidéo et 0,02 dollar (0,23 euro) de l’heure pour visualiser des vidéos au format MPEG-4, quel que soit le media utilisé ! La seconde partie de cette proposition a fait ruer Apple dans les brancards : si la société est prête à verser des royalties pour incorporer les codecs MPEG-4 dans QuickTime, elle est en désaccord total sur la question des royalties tirées des fournisseurs de contenus. Selon la firme, le format ne s’imposera pas si les propriétaires de contenus doivent payer un droit de diffusion dans ce format. « MPEG-4 a tout pour devenir un grand succès une fois que les termes de sa licence seront modifiés pour permettre aux fournisseurs de contenus de diffuser leur contenus libres de droits », a souligné Phil Schiller, le responsable du marketing mondial des produits d’Apple. A la suite de cette remarque, MPEG-LA a été assaillie de mails de commentaires, dont certains particulièrement peu amènes, sur sa proposition.
Apple monte au créneau
Et l’avis d’Apple ne compte pas pour des prunes : la firme est cofondatrice de l’ISMA (Internet Streaming Alliance, voir édition du 4 octobre 2001) qui s’attache à promouvoir le respect des standards industriels internationaux. Et c’est également elle qui a fourni le format de référence à l’International Standard Organisation sur lequel a été élaboré MPEG-4. Dans la lutte qui oppose les différents formats de lecteurs de contenus vidéo, Apple croit qu’une solution libre de droits permettra au standard MPEG-4 de s’imposer. Et ses raisons ne sont pas minces : la firme est confrontée à deux autres solutions, celle de Real et celle de Microsoft. Ce dernier utilise une partie du codec MPEG-4, modifié pour en sortir un format semi-propriétaire, sur lequel s’appuie Windows Media Player. Real, quant à lui, a dit vouloir utiliser le nouveau format dans la future version de son lecteur. Une lutte à couteaux tirés risque de s’enclencher entre la proposition de Microsoft d’une part et celle des deux autres acteurs, qui devraient être compatibles et permettront aux utilisateurs d’utiliser l’un ou l’autre lecteur pour visionner des contenus vidéo diffusés sur le Web, entre autres. Mais les actuels termes de licence sont une barrière à ce développement selon Apple, qui a retenu le lancement de la version 6 de QuickTime pour cette raison (voir édition du 13 février 2002).
Le champ libre pour Microsoft ?
La réponse de l’association MPEG-LA ne s’est pas fait attendre : l’association a fait remarquer que sans elle, les utilisateurs du format MPEG-4 devraient négocier personnellement avec chacune des firmes disposant de brevets utilisés dans le nouveau format. Larry Horn, le vice-président chargé des licences, souligne qu’aucune indication ne permet de savoir que « les alternatives sont et seront libres d’obligations de licence ou de charges additionnelles propres ». Et de souligner que la philosophie suivie serait une utilisation sur la base des transactions payantes réalisées, pour que les utilisateurs du MPEG-4, fournisseurs de contenus en tirant des revenus, payent et que ceux qui n’en tirent pas de revenus n’aient pas d’obligations de redevance. « La licence entière ainsi que ses droits et son application aux environnements de diffusion (hertzienne, câble, multicanal…) est actuellement à l’étude et fera l’objet de nouvelles discussions. » Le prochain round de négociations doit se tenir début mars. En attendant que les 18 sociétés impliquées se déterminent, QuickTime 6 restera sans doute au placard ! Et, alors que le temps presse, les différents intervenants et détenteurs de brevets laissent le champ libre à la mise en place d’une stratégie de domination par les autres acteurs du marché. Microsoft a déjà tenté d’écarter QuickTime de son navigateur. Son prochain pas sera d’imposer son standard multimédia très sobrement appelé Microsoft MPEG-4 (actuellement en version 3), pour en faire la norme. Le lecteur de Microsoft supporte toutefois le codec MPEG-4 ISO. Au cas où ?
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