Rachat de Yahoo : Microsoft jette l’éponge officiellement
Selon Steve Ballmer, les exigences financières de Yahoo « n’ont pas de sens ». De son côté, Jerry Yang maintient le cap de son plan stratégique. Fin du duel ?
Une semaine après la fin de l’ultimatum posé par Microsoft vis-à-vis du conseil d’administration de Yahoo, le groupe de Steve Ballmer a donc décidé d’abandonner son offre d’achat. Comment le PDG de Microsoft a justifié ce retrait de son offensive sur Yahoo qui a fait vibré le monde des portails Internet depuis trois mois ?
« Après une étude minutieuse de la situation, nous estimons que les exigences financières de Yahoo n’ont pas de sens pour nous et, c’est dans l’intérêt le plus élevé des actionnaires de Microsoft, de nos employés et autres investisseurs que nous retirons notre offre », peut-on lire dans un communiqué de presse de Microsoft en date du 3 mai. « Yahoo aurait permis d’accélérer notre stratégie, je suis persuadé que nous pouvons toujours avancer dans la réalisation de nos objectifs », poursuit Steve Ballmer.
Au cours de la semaine dernière décisive dans ce duel, Microsoft a tenté d’ouvrir une brèche en se montrant prêt à relever de cinq milliards de dollars sa proposition de rachat. En proposant 33 dollars par action Yahoo (contre 31 dollars initialement annoncé le 31 janvier). Mais ce « coup de pouce » n’a pas suffit : le groupe de Jerry Yang voulait vendre chèrement sa peau en gardant le seuil de 37 dollars par action comme niveau de référence. Une surenchère déraisonnable, a estimé Microsoft, qui a préféré jeter l’éponge.
Microsoft vise la croissance organique et des « partenariats »
Comment Microsoft va-t-il rebondir ? Kevin Johnson, en charge de la division Plates-formes et Services, assure que Microsoft va « continuer à investir massivement dans de nouveaux outils et des nouvelles expériences Web ».« Nous avons profondément amélioré notre niveau de performance dans la recherche sur Internet et la satisfaction des annonceurs (… ) Nous continuerons à gravir les échelons par la voie de la croissance organique et des partenariats », assure ce bras droit de Steve Ballmer.
Une dernière mention qu’il ne faut pas négliger. Dans une lettre en date du 3 mai que Steve Ballmer a adressée à Jerry Yang (et rendue publique également), Steve Ballmer confirme officiellement l’abandon de l’offre de rapprochement, ainsi que la tentative de passer outre la direction de Yahoo pour séduire directement les actionnaires du groupe de Yahoo. Mais le PDG de Microsoft compte « potentiellement sur des transactions stratégiques avec d’autres partenaires de business ».
Ce retrait reste une énorme suprise pour la communauté en charge de la finance high-tech qui penchait plutôt pour une intégration inévitable des deux poids lourds de l’Internet. Même le Wall Street Journal estimait encore dans son édition du 2 mai que Microsoft serait tenté de forcer la main et de faire plier Yahoo.
« La plus importante transition de notre histoire »
Malgré les fortes pressions, la tenacité de Jerry Yang a été plus forte. Est-ce un répit ou une véritable victoire ? Au cours de cette vaste bataille d’influence, la direction de Yahoo n’a cessé de mettre en avant son propre plan stratégique orienté vers la publicité en ligne et censé faire le contre-poids de l’offre de Microsoft.
Dans un communiqué parallèle toujours en date du 3 mai, Jerry Yang se montre » fier de son équipe qui est restée soudée au cours des trois derniers mois ». « L’offre non sollicitée de Microsoft et perçue comme une distraction est derrière nous (… ) Nous sommes en mesure de nous concentrer sur la plus importante transition de notre histoire », estimele co-fondateur de Yahoo.
Mais il reste encore des séquelles, notamment dans le camps de Jerry Yang. Le PDG de Yahoo n’a pas fini de se justifier. Car, dans le pool d’actionnaires du groupe Internet, des voix discordantes se font entendre. Selon Reuters, Eric Jackson, un actionnaire « dissident » de Yahoo, compte se démarquer de l’équipe de management en appelant à un vote de défiance lors de la prochaine assemblée générale annuelle « en raison de l’incapacité à conclure un accord avec Microsoft ». Faut-il maintenant chercher l’ennemi à l’intérieur ?