Vnunet.fr : Comment avez-vous étendu votre réseau depuis le lancement d’Ozone en 2003 ?
Rafi Haladjian : Dans la première partie de l’année 2004, nous avons rencontré des contraintes de terrain. Il est nécessaire d’avoir la ligne de vue entre l’antenne émettrice et l’immeuble que l’on connecte. Une configuration qui est parfois difficile à coordonner. De plus, il existe des démarches administratives à prendre en compte comme les notifications auprès des syndicats de copropriétés pour installer une antenne sur le toit d’un immeuble. Depuis l’été 2004, nous émettons à partir d’un immeuble parisien plus haut (à 140 mètres). A partir de cette tour, nous pouvons potentiellement toucher l’ensemble de Paris.
Combien de points d’accès affichez-vous dans Paris ?
Nous recensons 350 zones de couverture dans Paris. Chaque mois, nous couvrons entre 30 à 40 nouveaux toits. Nous estimons qu’il faudra 800 à 1200 points pour couvrir totalement Paris et petite couronne, ce qui devrait être achevé courant 2006. Pour une extension du projet dans d’autres grandes villes, nous pourrions lancer un modèle de franchise c’est à dire fournir notre technologie, une partie de notre infrastructure et notre marque pour faciliter l’éclosion d’autres initiatives locales.
Vnunet.fr : Comment un utilisateur se connecte sur votre réseau ?
Il suffit qu’un utilisateur ouvre son PC portable, se connecte en Wi-Fi en captant OzoneParis.Net. Si vous n’habitez pas dans une zone couverte, un responsable d’Ozone se rend chez vous pour installer une antenne sur votre immeuble afin de recevoir notre signal. Cette antenne permet également de couvrir le voisinage, ce qui permet de gagner du terrain en termes de couverture. Pour le moment, nous recensons 650 utilisateurs. Nous reconnaissons que ce n’est pas significatif pour le moment.
Vous introduisez des services payants. Comment comptez-vous facturer vos nouveaux clients ?
Le service d’accès Wi-Fi Ozone devient payant lundi prochain [le 17 janvier 2005, ndlr]. Les utilisateurs d’Ozone vont payer un abonnement de 18 euros TTC par mois. Nous allons proposer deux modes : le premier est dit « Résident » . Le client paie un abonnement forfaitaire mensuel pour une connexion illimitée à son domicile et à partir de tous les points d’accès Ozone. L’autre mode, dit « Touriste », est dédié aux besoins ponctuels : un utilisateur envoie un SMS Plus à 1,50 euro (hors coût de transport du SMS) qui permet de recevoir un mot de passe sur son mobile. L’utilisateur dispose alors d’une heure de connexion Wi-Fi à partir du point d’accès Ozone. Pour un nouvel utilisateur qui accepte l’installation d’une antenne sur le toit de son immeuble, le service reste gratuit car sa participation nous permet d’élargir le champs géographique de nos activités.
Comment comptez-vous vulgariser le concept d’Ozone auprès du grand public?
Nous n’avons pas besoin de grandes campagnes de communication. Le bouche-à-oreille et les articles dans la presse high-tech nous permettent de recruter les premiers membres très branchés high-tech. Etonnamment, dans les premiers retours pour les inscriptions en payant, il ressort que deux clients sur trois sont des femmes. Le recrutement se fait maintenant de manière naturel : lorsque nous ouvrons un nouvel arrondissement parisien, nous avons d’emblée une trentaine de nouveaux utilisateurs.
Comment décrire votre modèle économique ?
Pour le moment, nous nous appuyons uniquement sur ces nouvelles formules d’abonnements. Nous pouvons fournir en option une ombrelle pour cinq euros de plus. L’ombrelle ressemble à un hub permettant de connecter n’importe quoi en Wi-Fi. La société Violet, avec laquelle nous sommes partenaires, commercialise par exemple des lampes Wi-Fi. Il faut sortir de la simple vision matérielle des produits télécoms. Je reviens tout juste du Consumer Electronics Show qui s’est déroulé à Las Vegas, j’ai constaté que le Wi-Fi est sorti du giron des mobiles et des assistants numériques.
Pouvez-vous nous apporter des précisions sur l’offre de téléphone Wi-Fi que vous comptez sortir prochainement ?
Après le passage en payant, nous allons probablement sortir en février une formule de voix sur IP utilisant des téléphones Wi-Fi. Elle permettra de téléphoner de chez soi mais aussi à l’extérieur du moment que vous captez le signal Ozone. Pour les terminaux mobiles Wi-Fi, nous allons nous fournir auprès d’un équipementier chinois. Au CES, j’en ai découvert onze autres constructeurs ! Mais il s’agit de terminaux Wi-Fi de première génération. Nous ferons attention à rester réaliste dans la présentation de cette offre forfaitaire mensuelle. Les communications seront gratuites vers les fixes au niveau national. En revanche, les communications sur mobiles, à l’international, et les numéros spéciaux seront facturées à la seconde ou à la minute.
Pourquoi accordez-vous davantage d’importance au Wi-Fi qu’au WiMax ?
Nous sommes agnostiques en matière de technologie. L’essentiel est d’unifier dans une seule offre l’avantage de la téléphonie mobile et l’Internet haut débit. Mais force est de constater que le Wi-Fi a gagné en maturité depuis un an d’un point de vue technique et d’un point de vue marché (1,5 milliard d’unités équipées Wi-Fi dans le monde). Nous considérons maintenant qu’il n’y aura jamais de WiMax compte tenu de l’avance prise par le Wi-Fi en termes de nombre d’utilisateurs dans le monde, de prolifération des terminaux compatibles, de développements Wi-Fi issus de sociétés high-tech…Le WiMax ne rattrapera jamais son retard par rapport au Wi-Fi. De manière générale, ce n’est jamais la meilleure technologie qui gagne mais celle qui parvient en premier à gagner des parts de marché. Le WiMax ne percera jamais, si ce n’est de manière locale pour des connexions sans fil pour des grandes distances pour un usage en campagne et en radio. Ce qui est important, c’est de déterminer la technologie immédiatement mise à la disposition des consommateurs finaux. En l’état actuel, Intel représente le seul alibi du WiMax. A ma connaissance, seuls deux opérateurs croient au WiMax : c’est Alvarion et Altitude Télécom.
Votre approche réseau sans fil différe singulièrement de celle développée par les opérateurs mobiles ou les fournisseurs d’accès Internet traditionnels. Comment vous considèrent-t-ils ?
Certains nous trouvent sympathiques voire libertaires. On représente un peu la petite note de distraction dans les tables rondes professionnelles et après on revient sur des sujets sérieux comme l’ADSL 2 +…Plus sérieusement, tant pis si les grands acteurs de l’accès considèrent nos activités comme accessoires, au moins nous aurons les coudées franches.
Et qu’en penses les structures associatives comme Paris Sans Fil ?
Il y a un an, elles ont accueilli notre initiative avec méfiance, en nous considérant comme le grand méchant. Le problème est que, depuis un an, le modèle associatif s’est beaucoup essouflé. C’est sympa comme activité mais cela nécessite du vrai travail et des ressources derrière. La simple bonne volonté ne suffit pas pour avancer.
Aux Etats-Unis, quel est le projet de réseaux pervasifs qui vous fait le plus rêver ? Aucun. Ozone est une fusion de différentes expériences et modèles. Les projets américains sont très segmentés d’un point de vue produits et géographie. Ils sont très influencés par les investisseurs en capital-risque qui les soutiennent. A l’origine, on a également trouvé des initiatives associatives locales comme New York City Wireless ou Seattle Wireless. Après, on a trouvé une deuxième vague de villes californiennes comme San Jose ou Sunnyvale. Nous avons vu une initiative similaire à Philadelphie battue en brèche par un procès avec l’opérateur mobile Verizon. Et maintenant, on trouve un nouveau projet à Atlanta, cette fois-ci en association avec un opérateur privé pour éviter les ennuis de Philadelphie.
En créant l’un des premiers services de réseaux et de services Internet en 1994 (FranceNet), vous êtes l’un des Net-entrepreneurs pionniers en France. Pourquoi considérez-vous dans une récente tribune libre que « l’Internet s’est embourgeoisé » ?
Le développement du haut débit en France est une bonne chose mais c’est la vision des usages qui me chagrine. Après les deux révolutions des années 90 c’est à dire l’Internet et la téléphonie mobile, on a l’impression d’assister à un essoufflement. Les opérateurs estiment faire plus d’Internet avec plus de débit. Lorsque l’on affiche des débits de 30 Mbit/s en ADSL 2+, on commence à mentir sérieusement aux internautes. Ce débit ADSL n’est accessible qu’en boucle locale, c’est à dire entre le FAI et son client. Pour justifier ce cap de l’ADSL 2+, les FAI mettent en avant des services vidéo. Ces usages ne profiteront qu’à des grands groupes audiovisuels mais cela n’aura aucun impact important d’un point de vue économique ou social. Noos fait de la télévision et de l’Internet sur les mêmes tuyaux depuis longtemps. Pourtant, c’est difficile de considérer les activités du câblo-opérateur comme révolutionnaire. Ce que l’on considère comme un internaute est de plus en plus perçu comme un simple téléspectateur. J’y vois une certaine régression.
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