« Depuis qu’on l’a annoncée, c’est le jour et la nuit avec les banques ».
Steeve Broutin s’étonne encore du déclic que la levée de fonds officialisée il y a quelques semaines par sa société Rapidle a entraîné chez les partenaires financiers.
En tenant compte d’une aide en cours d’obtention auprès de Bpifrance, le montant global de l’opération s’élèvera à 450 000 euros.
Les deux tiers de cette somme sont apportés sous la forme d’une augmentation de capital par Day One Entrepreneurs & Partners.
Derrière ce fonds qui s’appelait auparavant L’Accélérateur Capital Partners (et qui a changé de dénomination en novembre 2016 pour mieux refléter son positionnement dès la phase d’amorçage), on trouve notamment la famille Leclerq, fondatrice du groupe Decathlon. Mais aussi des entrepreneurs tels que Michel de Guilhermier (à l’origine de Photobox), Juan Hernandez (cofondateur de Club-Internet) et Christophe Courtin (ex-CEO de Groupe Santiane).
Pour Rapidle, dont l’offre de services orientée « click & collect » vise les commerces de bouche, la croissance passera par un renforcement de l’équipe commerciale. Quatre collaborateurs viennent d’arriver et quatre autres doivent les rejoindre au printemps.
L’activité, elle, est déjà rentable : on nous annonce, pour le dernier exercice, 15 % d’Ebitda sur un chiffre d’affaires de 330 000 euros. Une performance favorisée par le modèle économique : au-delà de l’abonnement mensuel à partir de 59 euros, les clients – essentiellement des boulangeries – doivent s’acquitter d’un ticket d’entrée à 6 900 euros.
Pour ce prix, ils bénéficient de matériel (Apple, Epson), de logiciel… et surtout d’un accompagnement dans l’ouverture du canal de vente en ligne.
Rapidle propose en l’occurrence de former les équipes de vente et plus globalement d’accompagner la digitalisation de l’activité des artisans et indépendants avec la réalisation d’un shooting photo, puis la mise en place d’un site Internet ou d’une boutique en ligne, son référencement sur les moteurs de recherche et sa mise en avant par le biais d’opérations promotionnelles, entre autres par SMS.
Sus à Deliveroo, Foodora et consorts ? Steeve Broutin tient à faire la distinction : Rapidle se positionne uniquement sur la commande et le retrait express. « On est sur des paniers de moins de 10 euros pour lesquels le modèle économique de la livraison n’est pas reproductible », explique cet ancien commercial de Sony Music, passé également par Neocom et Navori (groupe LVMH).
Quant à s’ouvrir à des enseignes d’autres secteurs, l’intéressé n’exclut rien, mais reconnaît que la restauration a l’avantage de supposer une récurrence dans les achats. Et par là même la possibilité de monter rapidement en volume de commandes.
Le client le plus « précoce » a mis, d’après Steeve Broutin, deux mois à rentabiliser la solution. Basé à Balma, dans la banlieue de Toulouse, il réalise « 25 commandes par jour sur ce canal, pour 12 % de son chiffre d’affaires ».
Rapidle revendique 200 points de vente équipés depuis le lancement commercial de son offre en septembre 2015. Prochain objectif : 300 d’ici à fin 2017, pour un chiffre d’affaires dans la fourchette de 2,4 à 3 millions d’euros.
La communication s’oriente sur la connaissance des acheteurs et les possibilités de fidélisation qui en résultent. Le modèle du prépayé en est l’exemple. 60 % des boutiques équipées l’ont mis en place, proposant à leurs clients de se constituer une cagnotte qu’ils peuvent alimenter à leur guise.
Comment se passe l’adoption du côté des utilisateurs finaux ? On manque encore d’éléments sur ce point. L’application mobile, arrivée en début d’année sur iOS et Android, n’a encore que très peu d’évaluations. Il y a davantage d’animation sur les pages de réseaux sociaux de Rapidle, qui exploite le canal pour mettre régulièrement en avant des artisans : Boulay à Beaumont-sur-Oise pour les bûches de Noël, Delecto à Écully (Rhône) pour l’Épiphanie…
La dénomination sociale « Rapidle » a été adoptée il y a moins d’un an. À cette occasion, Yann Browaeys, qui avait rejoint l’aventure en 2015 pour prendre en charge la partie technique, a été nommé DG (Steve Broutin est président).
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