Où la RATP doit-elle placer le curseur en matière d’open data ?
La question se pose au regard de la polémique qui oppose la régie francilienne à Citymapper.
Cette start-up britannique est à l’origine d’une application destinée à planifier des itinéraires multimodaux dans une trentaine de villes, dont Paris.
Elle accuse la RATP – entrée dans le projet gouvernemental d’open data à l’été 2012 après plusieurs mois de tergiversation, tout particulièrement avec les développeurs de CheckMyMetro – de ne pas vouloir partager certaines de ses données. En l’occurrence, les horaires de passage des bus et des métros, en temps réel.
La pétition mise en ligne par ses soins pour appeler la régie à « respecter ses engagements » recueille près de 12 000 signatures. Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron en est destinataire, au même titre que Valérie Pécresse (présidente du conseil régional d’Île-de-France) et Anne Hidalgo (maire de Paris).
Affirmant que des métropoles comme Londres et New York « se reposent maintenant uniquement sur les applications de transport développées par des tiers grâce à l’open data », Citymapper rappelle que les transporteurs doivent, en vertu de la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, mettre leurs données à disposition et adopter un « code de conduite » en cours d’homologation par les ministères de l’Écologie et de l’Économie.
Du côté de la RATP, on réagit en ordre dispersé.
Le directeur marketing Dominique de Ternay est intervenu pour éteindre l’incendie, assurant au Journal du Net que les engagements en matière d’open data seront respectés.
L’ouverture des données temps réel pourrait toutefois ne pas être effective avant fin 2016. Et pour cause : il faudra faire évoluer l’infrastructure, avec une architecture technique isolant les services en open data des services en propre de la RATP. Un chantier estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros.
D’après la compagnie publique créée en 1949, ces travaux sont d’autant plus indispensables que le site ratp.fr est, régulièrement depuis plusieurs semaines « saturé par des requêtes massives de données sur le temps réel ».
Pour l’exemple, elle évoque ces « forts ralentissements » enregistrés le 17 mars vers 19 h, puis le 18 mars vers 8 h « à la suite d’une sollicitation massive de type robot arrivée sur les services wap.ratp.fr ». Certaines données auraient même été temporairement indisponibles, y compris sur les applications de la RATP et celles du STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France).
Et de conclure, en précisant que l’adresse IP a été filtrée dans les deux cas : « Ces événements nous confortent dans la nécessité d’établir un code de bonne conduite [avec] les consommateurs de services ».
Le son de cloche est différent chez Franck Advice.
Interrogé la semaine passée par Le Monde, le directeur service et relation client de la RATP s’était montré formel : « Nous n’entendons pas céder nos données à certains acteurs, qui ne nous citent même pas dans leur application. Si on les laisse s’en servir gratuitement, on risque de vivre ce qu’ont vécu les hôtels avec Booking.com et perdre notre relation à nos clients ».
Faisant référence aux 50 millions d’euros levés par Citymapper depuis sa création en 2012, il avait jeté un pave dans la mare : « Les investisseurs espèrent récupérer des données sur les utilisateurs […], qu’ils pourront monétiser plus tard et croiser avec d’autres données ».
Une version que nie Jean-Baptiste Cazaux. Le chargé du développement de Citymapper dit avoir rencontré plusieurs fois la RATP, qui lui a systématiquement signifié ne pas pouvoir ouvrir les données temps réel sur les prochains passages des bus et des métros « pour des raisons politiques ». Alors même qu’une de ses filiales à Hong Kong (HK Tramways) s’est engagée dans le processus il y a quelques semaines, avec l’aide de la start-up britannique.
La solution se trouve-t-elle dans le système de redevance prévu par le dispositif open data ? La RATP a effectivement la possibilité de collecter des redevances pour absorber les surcoûts générés par les « utilisateurs de masse ».
Assurant ne pas vouloir faire supporter au contribuable francilien « les frais [de ces] politiques », la régie privilégie une contribution de la part des acteurs qui réaliseront des « transferts massifs de flux de données » – c’est-à-dire plusieurs milliers de requêtes par jour.
L’ouverture des données se fera par ailleurs sous le régime de la licence ODbL (« Open Database License »), qui oblige notamment à rétrocéder tous les développements réalisés à partir desdites données. Pour la RATP, cette approche doit « garantir que les réutilisateurs [sic] jouent bien le jeu de l’open data ».
Crédit photo : EQRoy – Shutterstock.com
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