Un an après l’éclosion du scandale PRISM, les révélations fusent toujours autour des campagnes de cyber-surveillance menées par les agences de renseignement.
Fin février, une série de documents secrets exfiltrés par le lanceur d’alertes Edward Snowden faisait la lumière sur l’action concertée de la NSA américaine et du GCHQ britannique pour enregistrer des millions d’images via les webcams des utilisateurs Yahoo. Opérationnel a minima entre 2008 et 2012, ce programme baptisé Optic Nerve a impliqué des technologies de reconnaissance faciale exploitées pour identifier « de nouvelles cibles d’intérêt ».
Il semble que les travaux conduits en la matière par l’Agence nationale de sécurité américaine soient allés beaucoup plus loin. C’est tout du moins ce que suggèrent plusieurs dossiers classifiés datés de 2011 et dont le New York Times s’est procuré une copie auprès d’Edward Snowden.
La NSA collecterait chaque jour des millions d’images issues d’e-mails, de SMS, de conversation sur les réseaux sociaux ou encore de sessions de visioconférence. Tous ces éléments seraient passés à la moulinette de la reconnaissance faciale, que le renseignement semble avoir érigée comme une priorité sous l’administration Obama, après deux tentative d’attentats : l’une à la bombe dans un vol vers Detroit en 2009 ; l’autre à la voiture piégée à Times Square en 2010.
Chaque jour, environ 50 000 images sont conservées, car considérées « de qualité » : elles peuvent apporter de nouveaux éléments sur un individu, plus particulièrement lorsqu’elles sont mises en rapport avec des éléments comme sa géolocalisation ou ses contacts… mais aussi la base des permis de conduire et des passeports.
Il est d’autant plus difficile de déterminer combien d’Américains – et d’étrangers utilisateurs de services Web basés aux Etats-Unis – ont été pris dans cette nasse que les pratiques liées à la reconnaissance faciale sont encadrées, outre-Atlantique, par un flou législatif. Tout au plus la NSA doit-elle obtenir l’autorisation de la justice pour collecter des images, puisque’elle les considère comme une forme de communication électronique au même titre que les e-mails et les appels téléphoniques.
Le sujet fait débat depuis plusieurs mois aux Etats-Unis. Les défenseurs des libertés civiles s’inquiètent notamment du développement rapide des algorithmes, du grossissement des bases de données et de l’augmentation de la puissance de calcul. Chiffrés en milliards de dollars en coopération avec le secteur privé, les investissements permettent de combler des difficultés comme l’interprétation des images basse résolution et des photos réalisées de profil. Si bien que la reconnaissance faciale pourrait rapidement « devenir très invasive ».
Les regards se tournent tout particulièrement vers le FBI, qui développe actuellement une base de données destinée à accueillir 52 millions d’images d’ici l’année prochaine. Le Bureau fédéral a promis de n’y recourir que dans le cadre d’enquête criminelles. Ce dont doute l’Electronic Frontier Foundation, qui milite pour le droit à la vie privée à l’ère numérique.
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