Reconversion des cabines téléphoniques : Paris ne suit pas New York
Le chantier de reconversion des cabines téléphoniques en points d’accès Wi-Fi a débuté à New York. Pas de signe dans ce sens en France.
La première pierre a été posée ce 28 décembre, à l’angle de la 15e Rue et de la 3e Avenue, près d’Union Square, dans le quartier de Manhattan : c’est le début d’une longue période de travaux à l’issue de laquelle 7 500 cabines téléphoniques de la ville de New York seront reconverties en points d’accès Wi-Fi doublés de bornes interactives.
Baptisé LinkNYC, le projet avait été retenu en 2012 dans le cadre du « Reinvent Payphones Design Challenge » porté par le maire d’alors, Mike Bloomberg. Son successeur Bill de Blasio a poursuivi le chantier, sachant que le contrat de maintenance associé aux cabines téléphoniques expirait en 2014.
Il y a environ un an, la feuille de route était dévoilée : début des travaux en 2015, avec l’objectif de reconvertir 500 cabines à l’horizon juillet 2016, en y intégrant un hotspot Wi-Fi Gigabit d’une portée de 50 m, un port USB pour recharger des appareils mobiles, une tablette pour l’accès à Internet, un téléphone pour des appels gratuits vers les États-Unis et une offre de services locaux.
Le tout sera financé par la publicité, affichée sur les deux écrans de 55 pouces dont chaque cabine sera pourvue – voir les photos de The Verge.
« Who’s who »
La partie monétisation est prise en charge par l’entreprise Titan, tandis que Control Group fournit les interfaces.
Les deux sociétés ont fusionné au cours de l’été pour former un ensemble nommé Intersection. Au capital, on retrouve notamment… Google, qui a pris une participation minoritaire via son laboratoire Sidewalk Labs dédié à l’amélioration de la vie en milieu urbain.
À la tête de Sidewalk Labs, on trouve Daniel L. Doctoroff, qui fut, sous l’ère Bloomberg, adjoint au développement économique de la ville de New York (un mandat marqué par l’échec de la campagne pour l’obtention des Jeux olympiques 2012).
Aux côtés d’Intersection, on trouve Qualcomm (semi-conducteurs, technologies sans fil) ainsi que Civiq SmartScapes (solutions hardware pour les environnements difficiles).
Pendant ce temps à Paris…
L’ambition portée dans le cadre du projet LinkNYC est de reconvertir d’autres infrastructures comme les lampadaires et les abribus pour créer un « écosystème communicant » qui puisse fournir des informations d’urgences, de trafic ou encore de navigation.
Concernant les cabines téléphoniques, les coûts sont estimés à 200 millions de dollars sur les 12 ans à venir, pour 500 millions de dollars de revenus.
LinkNYC a été entaché de plusieurs polémiques. Par exemple sur le fait que lors de la phase de test, les débits étaient jusqu’à 10 fois supérieurs à Manhattan par rapport à Brooklyn et au Bronx. Titan a aussi suscité l’inquiétude en installant – avant de les retirer face à la grogne – des beacons Bluetooth probablement destinés à pister les utilisateurs.
En France, il n’existe pas officiellement de projet dans ce sens, bien que la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire ait soulevé la question en janvier dernier. Marianne Dubois, députée Les Républicains du Loiret, avait fait de même au printemps en envoyant à Emmanuel Macron une question écrite concernant la reconversion des cabines… mais restée lettre morte.
Avec la loi qui porte son nom, le ministre de l’Économie a ouvert la voie au démantèlement progressif des cabines. Orange est en l’occurrence libéré de son obligation d’assurer le « service universel » en fournissant « à tous […] l’accès à des cabines publiques installées sur le domaine public ou à d’autres points d’accès au service téléphonique au public » (article L35-1 du code des postes et des communications électroniques).
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