Recrutement PME : Randstad puise dans l’agilité et la mobilité de CornerJob
Randstad, spécialiste des services RH, se rapproche de la start-up CornerJob pour exploiter son app mobile comme levier de prospection du segment PME.
Dans la famille « coopétition », je demande Randstad et CornerJob. Bonne pioche. Sur le papier, ils sont concurrents. Mais ils ont trouvé un terrain d’entente pour avancer ensemble sur le segment du recrutement dans les PME.
Randstad, un des principaux leaders du marché des services RH, et CornerJob, start-up européenne qui monte en puissance sur le volet de recrutement sur mobile (hors catégorie cadres), viennent de signer une alliance en France. Un deal inédit en France.
Les deux parties apportent leur savoir-faire pour couvrir les besoins en recrutement dans le tissu des entreprises classiques de moins de 50 salariés.
Concrètement, à travers son app disponible sur smartphone, CornerJob prend en main le premier volet de la phase de recrutement d’un candidat (dépôt d’annonces, candidature, correspondance avec les entreprises).
Une fois cette première étape de visant à aligner les intérêts du candidat et ceux du recruteur, Randstad prend en main le second volet portant sur la gestion du recrutement (évaluation en ligne avec des tests voire des entretiens, gestion de l’embauche avec l’élaboration du contrat de travail) et le suivi de mission (paiement de l’intérimaire).
Le spécialiste des services RH dispose déjà d’une plateforme digitale dans ce sens : Randstad Direct. Lancée l’an passé, elle permet de recruter des salariés intérimaires par le biais d’un process quasi-100% digital.
A travers Randstad Direct, le mode de facturation a été simplifié pour toucher plus aisément les PME avec un tarif fixe journalier dégressif selon la durée de la mission d’intérim.
L’agilité d’une start-up comme CornerJob d’un côté, la confiance envers un acteur installé historiquement sur le marché comme Randstad de l’autre. Voilà comment François Béharel, Président du groupe Randstat France, présente l’alliance à l’occasion d’une conférence de presse commune organisée hier dans Paris.
Malgré des efforts pour ancrer Randstad dans le digital (solution big data d’aide à la décision, dématérialisation des contrats avec signature électronique, fonds d’innovation, rachat de Monster…), le groupe manque d’un relais pour avancer dans la mobilité. Du coup, il s’est tourné vers CornerJob.
Pour sa part, David Rodriguez, CEO de CornerJob, admet qu’après la phase de matching entre le candidat et le recruteur, le process de recrutement comporte « trop de démarches juridiques pour les TPE-PME ». Il présente le dispositif couplé avec Randstad comme « une offre complémentaire par rapport à notre offre basique ».
« On est un client important pour CornerJob pour faire du sourcing », considère François Béharel de son côté.
On pourrait résumer l’approche commune et complémentaire de cette façon : si une PME parvient jusqu’à la phase de l’identification du candidat potentiellement intéressant via l’app CornerJob, elle sera peut-être intéressée par un suivi de Randstad pour parachever le processus de recrutement en bonne et due forme.
Le service est en phase de lancement progressif auprès des clients de CornerJob à partir de cette semaine.
Cible des PME : segment porteur pour Randstad
Une autre raison explique aussi cet intérêt de Randstad vis-à-vis de l’app mobile de CornerJob (6 millions de téléchargements, 50 000 offres chaque mois, 120 000 sociétés utilisatrices).
Cette start-up d’origine espagnole, qui a pris position en France, en Italie mais aussi au Mexique et qui s’appuie sur un pool d’investisseurs (des VC et des fonds corporate de groupes médias comme TF1 ou RTL ou de banques comme Caixa), est bien positionnée sur la cible PME.
Un segment sur lequel Randstad veut renforcer son influence. « Notre mix [de profils de clientèle, ndlr] change considérablement : le poids des PME dans le chiffre d’affaires augmente par rapport aux grands comptes ».
La répartition actuelle est de 40% côté PME et 60% côté grands comptes dans le CA de Randstad France (2,84 milliards d’euros en 2015), précise François Béharel.
Quel modèle économique associe les deux partenaires ? « C’est un modèle de partage des revenus. Un modèle classique à la performance avec la prise en compte du coût à la pré-sélection [des candidats] », évoque David Rodriguez en laissant volontairement planer un certain flou.
Au regard de l’imbrication des deux offres, pourquoi ne pas dépasser l’approche partenariale pour aborder un éventuel rachat de CornerJob par Randstad ?
Cette question posée en fin de la conférence restera une porte ouverte…Les deux interlocuteurs assurent que ce n’est pas le sujet du jour mais n’éludent pas pour autant cette hypothèse à terme.
Si l’accord marche bien en France, il sera étendu au niveau international. Après, on verra…