Red Hat : la force tranquille du logiciel libre
De passage à Paris pour le lancement de la nouvelle offre de services Red Hat Network, Robert Young, fondateur de Red Hat, et Colin Tenwick, vice-président Europe, en ont profité pour réaffirmer leur conviction dans le modèle du logiciel libre.
« Nous voulons corriger une erreur de l’industrie [informatique]. » Dès le début de l’entretien accordé à VNUnet.fr, Bob Young, président fondateur de Red Hat, donne le ton et justifie sa croisade pour le logiciel libre. Il continue : « Vous trouvez normal qu’un éditeur de logiciels puisse envoyer ses utilisateurs en prison s’ils osent changer une ligne de code de l’application dont ils sont censés être propriétaires ? Nous, non. Et c’est pourquoi nous sommes fidèles au modèle du logiciel libre en publiant chacune des lignes de code de nos applications. »
C’est avec cette base de réflexion bien en tête que Bob Young et Colin Tenwick décrivent le nouveau service que compte lancer RedHat à partir du 26 janvier prochain. Nommé Red Hat Network, il proposera tout simplement aux entreprises de se débarrasser des aspects les plus lourds et fastidieux de la gestion du réseau d’une entreprise. Autrement dit, on peut demander à Red Hat Network de se charger des mises à jour de sécurité, de surveiller la bonne marche du système et les pics de trafic, d’analyser les performances globales, voire même d’installer des applications à distance. Le coût dépendra du niveau de service choisi. Disponible depuis le 26 septembre, le service de base est facturé 9,95 dollars par mois (environ 75 francs). En France, l’ouverture du Red Hat Network n’est pas prévu avant la fin de l’année.
Accessoirement, Red Hat entend, par cette initiative, répondre au déficit de personnes qualifiées en administration système. « L’entreprise pourra se concentrer sur son métier de base et laisser à des spécialistes, nous, le soin de gérer la technique », explique Colin Tenwick.
Reste une incertitude : comment convaincre les entreprises de faire confiance à Red Hat pour lui donner une partie des clés de son réseau ? « Pas de problème, » répond tranquillement Bob Young. « Le modèle du logiciel libre est notre meilleure arme marketing. N’importe lequel de nos clients peut vérifier l’innocuité de nos applications, et leur fonctionnement optimal, puisque le code source est disponible. Une fois que l’on a essayé, on ne peut plus s’en passer. »
Le lancement de Red Hat Network marque un vrai tournant vers le tout-réseau. « Le PC est mort », affirme même avec force Colin Tenwick. « D’ici peu de temps, il faudra considérer tout appareil informatique comme un terminal Internet plus ou moins évolué auquel seront liés un certain nombre de services en ligne. » L’idée générale est de déporter un maximum de services vers le Réseau. « Je n’ai plus d’agenda », nous a même confié Bob Young. « Tous mes rendez-vous sont inscrits sur le site Anyday.com. De cette façon, je peux y accéder de n’importe quelle machine connectée et, surtout, tous ceux à qui j’ai donné mon mot de passe peuvent savoir où je me trouve et si je suis disponible. »
Evidemment, la direction prise par Red Hat fait énormément penser à la stratégie .Net de Microsoft (voir édition du 23 juin 2000). Les prémices du service Red Hat Network, sommairement décrits lors du lancement de la version 7 de la distribution Linux du « chapeau rouge », nous avait même fait titrer « Red Hat dévoile son arme anti-.Net » (voir édition du 25 septembre). A cette question, tant Bob Young que Colin Tenwick répondent avec confiance, voire même avec un sourire en coin. « Cette évolution du marché vers le réseau est inexorable mais tout à fait naturelle pour nous. Nous faisons ça depuis le début. Alors que Microsoft est en train de changer son modèle de fonctionnement du tout au tout. Leurs revenus étaient jusqu’à présent basés sur la vente de logiciels, ils vont maintenant vendre du service. Nous leur souhaitons bon courage. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que les dirigeants de Red Hat font montre d’une très grande sérénité.