Pour lutter contre le piratage des biens culturels (musique et cinéma principalement), préférez-vous interdire les échanges gratuits entre internautes ou bien les autoriser en contrepartie d’une redevance mensuelle? La réponse à cette question posée par l’institut Ipsos auprès d’un millier d’internautes les 27 et 28 avril derniers pour le compte de l’Adami, est sans appel : 83 % des réponses sont favorables à une redevance (88 % des moins de 35 ans) contre 17 % des répondants qui se prononcent pour la répression (y compris les poursuites en justice).
Si le résultat, présenté le 23 mai, n’appelle pas à commentaire, on regrette la stricte dualité du choix des réponses et l’absence d’une ouverture vers les offres légales de téléchargement en ligne. Cette troisième possibilité, qui nous aurait semblée plus objective, n’aurait probablement pas changé l’ordre de grandeur du résultat. Car seulement 46 % des internautes déclarent avoir déjà visité un site de téléchargement payant, toujours selon le sondage commandé pour la société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes. Et seule la moitié de ces aventuriers aurait trouvé leur bonheur. Est-ce à dire que le marché légal de la musique en ligne concerne moins d’un quart des internautes français?
En revanche, 45 % des internautes (dont 55 % des moins de 35 ans) déclarent avoir utilisé un logiciel d’échanges de type peer-to-peer (Kazaa, eMule, BitTorrent) et 29 % avouent exploiter des applications de messagerie de type MSN pour s’échanger des fichiers audio et vidéo. Quid des autres moyens d’échange par l’intermédiaire des newsgroups ou, plus discrètement, de la main à la main? Ipsos n’a apparemment pas jugé utile d’intégrer ce type d’échange dans son questionnaire.
Moins de 10 euros pour télécharger musique et film à volonté
Payer une redevance, pourquoi pas, mais de combien? La grande majorité (62 %) ne souhaite pas dépasser les 5 euros mensuels pour télécharger des morceaux musicaux à volonté. 18 % des sondés sont prêt à pousser la facture à 10 euros, 3 % à 15 euros et 4 % au-delà. Les résultats liés au téléchargement de musique et de films sont du même ordre : 38 % ne souhaitent pas dépasser les 5 euros de redevance mensuelle, 26 % s’arrêtent à 10 euros, 9 % mettent la barre à 15 euros et 15 % consentent à signer pour plus de 15 euros. Ce qui donne des prix moyens de 9,10 euros pour disposer à volonté de film et musique, et 5,20 euros pour contenter les oreilles uniquement. Car respectivement 12 et 13 % des interrogés refusent de payer pour la redevance.
Ces estimations ne reflètent pas forcément la réalité économique si l’on compare les tarifs calculés avec ceux des vidéo clubs (qui proposent, par exemple, un forfait d’1,50 euro pour 6 heures de location). Ce n’est d’ailleurs pas l’objet de l’Adami. « Il n’a jamais été question pour l’Adami de remettre en cause l’équilibre économique de la filière culturelle, mais bien de rechercher une réponse adaptée à un phénomène de consommation de masse et à une mutation des modes de circulation et d’appropriation des oeuvres », déclarent les représentants de l’association sur son site. L’objectif est bien d’ouvrir un débat de société à la veille de l’ouverture au Parlement de la transposition de la directive européenne des droits d’auteurs et droits voisins dans la société de l’information. Un débat que les producteurs de disques continuent de rejetter en bloc (voir édition du 19 avril 2005).
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