La réorganisation se poursuit chez Samsung en prévision du passage de témoin au sein de la famille fondatrice.
Hospitalisé en mai 2014 pour des problèmes cardiaques, Lee Kun-hee, 73 ans, ne s’implique plus depuis lors dans les décisions stratégiques. Son fils Lee Jae-yong, âgé de 46 ans, doit lui succéder à la tête du conglomérat.
La succession se prépare depuis plusieurs années. Pour simplifier sa structure sur fond de pression du gouvernement sud-coréen, le groupe a scindé certaines entités, en a introduit d’autres en Bourse et a procédé à des fusions.
C’est cette dernière option qui a été retenue dans le cadre de l’opération annoncée ce mardi : Cheil Industries, la holding de contrôle effectif de Samsung, a lancé une offre de près de 7,4 milliards d’euros (8900 milliards de wons) pour racheter Samsung C&T.
Les deux sociétés sont cotées à la Bourse de Séoul. La plus ancienne est Samsung C&T. Fondée en 1938, elle est aujourd’hui présente dans le commerce, la finance, les énergies renouvelables et le BTP (C&T signifiant « Construction & Trading »). Ses réalisations incluent le Burj Khalifa et l’une des deux tours Petronas, mais aussi des infrastructures de transport comme le métro de Doha, au Qatar.
Fondée en 1954, Cheil Industries s’est d’abord spécialisée dans le textile, avant de diversifier ses activités dans la mode, le tourisme, la restauration collective, ainsi que… les métaux et les produits chimiques. Travaillant sur des composés tels que le polycarbonate, l’ABS et le marbre artificiel, elle produit aussi des électrolytes pour batteries et des matériaux destinés à la fabrication de semi-conducteurs.
Lee Jae-yong est le principal actionnaire de Cheil Industries, avec 23,2 % du capital. Si la fusion avec Samsung C&T se confirme, il devrait, d’après Bloomberg, détenir 16,5 % du nouvel ensemble… et conserver ainsi une participation majoritaire.
L’entité qui naîtra de ce rapprochement prendra le nom de Samsung C&T. Elle vise un chiffre d’affaires annuel de 50 milliards d’euros à l’horizon 2020, contre environ 30 milliards sur l’année 2014 (pro forma).
Les actionnaires devront d’abord donner leur feu vert. Ils seront consultés le 17 juillet à propos de cette opération dans le cadre de laquelle Cheil (valorisé à près de 20 milliards d’euros) offre 0,35 nouvelle action pour chaque action Samsung C&T.
Selon les analystes, un veto n’est pas exclu*, certains actionnaires restant persuadés que les titres Samsung C&T sont sous-évalués (ils ont d’ailleurs pris près de 15 % en Bourse ce mardi ; le maximum autorisé au terme d’une séance quotidienne).
Rapprocher ainsi les activités des deux branches permettra, selon la communication officielle du groupe, de réaliser des économies d’échelle, tout particulièrement dans la construction. Le réseau mondial de C&T (par ailleurs 3e actionnaire de Samsung Electronics avec 4,06 % du capital) sera aussi exploité pour étendre les activités de Cheil Industries.
* En novembre dernier, la fusion entre Samsung Heavy Industries (construction navale) et Samsung Engineering (hydrocarbures, secteur industriel, infrastructures critiques) avait été avortée à défaut d’un consensus avec les actionnaires.
Crédit photo : Lisa-Lisa – Shutterstock.com
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