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République numérique : en quoi le mode collaboratif peut dérouter

Le projet de loi sur le numérique d’Axelle Lemaire, abordé en mode collaboratif, va-t-il déchaîner les passions dans l’IT ?

Après la mise à disposition de la plateforme collaborative ouverte à tous contributeurs, le gouvernement assure qu’il s’agira du « premier texte de loi co-créé avec les internautes. »

Sur Twitter, la secrétaire d’Etat au Numérique appelait hier à la mobilisation pour exprimer ses idées sur Republique-Numerique.fr. Tout en montrant fière des premiers pas de cette initiative en mode crowdsourcing.


Aujourd’hui (29 septembre), à 13h00, le pointage à chaud se situe à à 14 297 votes, 1874 contributions et 1472 participants.
A travers ce texte de loi à peaufiner, rappelons les trois principaux objectifs du gouvernement : « Liberté accrue pour la circulation des données et du savoir », « Egalité de droits pour les usagers du Net » et « Fraternité, pour une société numérique ouverte à tous « . Les chapitres de la loi aborde pêle-mêle des thèmes comme la neutralité du Net (également abordé à travers un avis de l’ARCEP), la « portabilité des données », le « droit au maintien de la connexion », la « confidentialité des correspondances privées » ou « le droit à l’oubli des mineurs ».
On peut également s’exprimer sur une meilleure information des consommateurs vis-à-vis des avis en ligne, l’open data (ouverture des données publiques), l’accessibilité numérique mais aussi la « mort numérique » ou comment « »exprimer et de faire respecter sa volonté sur le devenir de ses informations personnelles publiées en ligne après sa mort ».
Sur Twitter, certains raillent déjà cette initiative OpenGouv, considérant qu’il s’agit d’une manière de faire avaler la loi sur le Renseignement qui a porté un coup aux libertés numériques. C’est le cas de Benjamin Sonntag, co-fondateur de la Quadrature du Net.

Sur Facebook, l’expert du numérique Jean-Michel Billaut trouve qu’il y a plus de choses à dire sur la forme que sur le fond et énumère les lacunes :

1/ il manque une recherche par nom des contributeurs (ce qui me permettrait de retrouver mon article et celui de Catherine Coste sur les données de santé…).
2/ il manque un nuage de mot-clefs
3/ il faudrait que les Titres/Chapitres/Sections soient explicites, et non pas pas comme dans le Journal Officiel…

« En tout cas, on ne peut louer que louer cette initiative… on ne sait pas très bien ce que nos élites vont en faire… mais c’est une petite avancée vers la démocratie 2.0… », précise Jean-Michel Billaut.

Un autre expert anonyme des réseaux regrette la difficulté de trier les bonnes contributions pertinentes du flot de commentaires au regard « du niveau technique des gens ».

AFDEL : gare aux extrêmes de tous bords

Les organisations professionnelles commencent à réagir. C’est le cas de l’Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet (AFDEL), qui se montre critique vis-à-vis de la méthode.

La consultation « semble a priori redondante avec celle déjà portée par le CNNum il y a quelque semaines », estime son délégué général Loïc Rivière, interrogé par Silicon.fr.

« Soyons honnêtes, la consultation directe par le Web ravit généralement les geeks, elle n’a rien de plus démocratique que la consultation des corps intermédiaires et le processus parlementaire d’écriture de la Loi. »

Tout en poursuivant : « Comme le démontre l’incapacité des titres de presse à gérer leurs forums ou la fermeture de certaines plateformes de discussion, le Web est aussi un espace très ‘censitaire’ où s’expriment de façon plus prolixe les activistes et les extrémistes de tous bords. »

« La modération démocratique s’appuie sur le rôle d’un Parlement élu et de corps intermédiaires représentatifs. La République numérique, qui peut évidemment introduire plus de transparence publique, ne doit pas conduire à discréditer ce modèle. »

Dans cette exercice de liberté de paroles, les risques de prises de positions extrémistes existent.

Le gouvernement évoque dans la charte de la plateforme République Numérique une « expérimentation d’une consultation en ligne sur un projet de loi ».

Pour le départ, toutes les contributions soumises sur la plateforme sont rendues publiques.

Néanmoins, « le Gouvernement se réserve la possibilité d’apporter certaines évolutions à sa démarche afin d’assurer son meilleur fonctionnement, sans toutefois renoncer aux principes fondamentaux de transparence et de participation libre et égale des contributeurs. »

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