Qui va payer pour l’explosion des données de l’Internet alors que le très haut débit se profile ?
Une question à plusieurs dizaines de milliards de dollars…C’était l’une des grandes réflexions de l’édition 2010 du Digiworld Summit qui s’est tenue les 17 et 18 novembre à Montpellier sous l’égide de l’Idate.
Chaque maillon de la chaîne Internet (opérateurs, éditeurs de logiciels, fournisseur de services Internet…) tentent de tirer la couverture vers soi et prônant le respect de la neutralité Internet (« tout internaute doit avoir accès à tous les contenus disponibles sur le réseau des réseaux »). Mais les problématiques sont complexes et les réponses ne sont pas évidentes.
Selon l’envoyée spécial de Silicon.fr, Marc Latouche, directeur de la division Internet Business Solution chez Cisco, a considéré qu’entre 2009 et 2014, le trafic IP va être multiplié par quatre (rien qu’en France, un volume de 3,2 Exaoctets de données ou 3,2 millions de To est généré). Comment supporter la croissance de ce trafic alors que la vidéo (streaming) représentera plus de 90 % des échanges ?
« Développer une activité comme Dailymotion a un coût. Nous payons cher pour être sur Internet », s’est défendu Martin Rogard, Directeur général de la société qui exploite la plate-forme vidéo.
La situation est parfois paradoxale, selon Vincent Bonneau, Consultant senior chez l’Idate : la recherche (de type Google) ne représente que 2 % du trafic et génère 20 % des revenus. Mais, la vidéo à la demande, grande consommatrice de bande passante, peine encore à trouver son modèle économique comme le prouve le cas YouTube.
Alors les opérateurs prennent le relais pour promouvoir la « terminaison d’appel Internet ». Fondé sur le système qui existe pour les appels mobiles, des services vidéos comme YouTube et Dailymotion seraient facturés par les opérateurs mondiaux comme France Telecom – Orange, Vodafone ou AT&T.
Mais des acteurs FAI de taille plus modeste comme le groupe Iliad-Free adhère au principe car les investissements réseaux (fibre) coûtent chers et la rentabilité ne se mesurera qu’à long terme.
Plusieurs pistes sont envisagées. Le modèle de facturation pourrait passer par des intermédiaires comme les opérateurs de transit comme Akamaï ou Limelight qui fournissent des solutions d’optimisation des réseaux (CDN ou Content Delivery Network en anglais).
Un sujet sensible et Stéphane Richard, Directeur général du groupe France Telecom, prend (publiquement) des pincettes.
Il prône « un système de tarification au sein de l’Internet selon lequel les grands émetteurs de trafic doivent supporter les coûts variables des réseaux en fonction des volumes qu’ils envoient », selon la définition retenue par La Tribune.
Mais les arguments d’un autre opérateur mondial comme Vodafone vont dans le même sens.
« Contrairement aux grandes infrastructures publiques, Internet s’est construit surtout avec des fonds privés et ça reste une entreprise commerciale », explique Michel Combes, Directeur général de Vodafone Europe, justifiant ainsi que toute utilisation du réseau devait être monétisée.
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