Travailler dans un grand groupe high-tech est loin d’être une garantie en termes de sécurité d’emploi. Cette semaine, on a appris que trois groupes high-tech américains travaillent sur des plans de suppressions de postes portant sur des milliers de postes. Dernière illustration avec Dell : le 31 mai, alors que la firme informatique publie ses résultats préliminaires pour son premier trimestre (meilleurs que prévu selon les analystes), elle profite de l’occasion pour annoncer son intention de réduire ses effectifs de 10% dans les 12 mois prochains.
Une mesure justifiée par la nécessité de réduire les coûts d’exploitation, selon la direction de Dell. Sachant que le groupe texan avait un effectif de 82 000 personnes à la fin février. Les réductions d’effectifs toucheront toutes les zones géographiques et segments d’activité mais on n’en saura pas plus.
Autre grande firme emblématique : IBM s’est délesté de 1570 postes dans le monde, ce qui porte à environ 3700 le nombre total d’emplois détruits depuis le début de l’année. Mais, en parallèle de ces mesures de réduction d’effectif, les embauches continuent au sein de la firme pionnière de services informatiques. C’est ainsi que 19 000 nouvelles recrues ont rejoint les rangs d’IBM depuis janvier.
L’effet cumulatif prend parfois des proportions gigantesques : le 30 mai, Motorola a annoncé son intention de supprimer 4000 emplois?en plus des 3500 postes déjà annoncés en début d’année. Là aussi, l’objectif de générer des économies est mis en avant (600 millions de dollars).
Crispations au sein des opérateurs historiques
En France, l’actualité nous rappelle que nous ne sommes pas à l’abri de secousses dans les grands groupes. Jeudi, une partie des salariés de France Telecom se sont mis en grève pour protester contre le vaste programme de suppressions de postes que la direction prévoit d’ici fin 2008 : 22 000 suppressions de postes dont 16 000 nettes en France. « Sans licenciement sec », tempère la direction de l’opérateur.
De leur côté, les syndicats, comme la CFTC, dénoncent les « pressions intolérables et les recours au chantage » exercées à l’encontre de salariés jugés indésirables au sein de la société « afin de contenter les actionnaires « et « pour que les chiffres de départs correspondent aux objectifs » . Selon Les Echos dans son édition du 1er juin, la grève a été bien suivie : de source syndicale, environ 40% des salariés de France Telecom (sur un total de 108 000) auraient suivi le mouvement de protestation.
Pourtant moins enclin à ce type d’actions « terrain », les syndicats de Deutsche Telekom sont également remontés contre la direction de l’opérateur historique allemand. Mais le contexte est différent. Dans le cadre d’un plan de restructuration d’activité initié par la maison-mère, les syndicats protestent contre le plan de transférer 50 000 personnes dans une nouvelle filiale T-Services et menacent « d’une longue grève » déjà entamée depuis trois semaines.
AG houleuse chez Alcatel-Lucent |
Plus les plans de restructuration s’éternisent, plus les risques de déstabilisation de l’entreprise sont grandes. Chez Alcatel-Lucent, la première assemblée générale du nouvel ensemble fusionné s’est déroulé vendredi matin au Palais des Congrès de Paris « dans une ambiance houleuse », estime Reuters. Des représentants syndicaux sont intervenus pendant la séance pour dénoncer le plan de suppressions d’emplois et les indemnités de départ destinées aux dirigeants du groupe. Certains ont semé quelque peu la zizanie à coup de sifflets et de huées. Entre 200 et 300 salariés s’étaient massés à l’extérieur du complexe en guise de protestation. Rappelons que l’équipementier télécoms veut supprimer 12 500 emplois dans le monde ? dont près de 1500 en France – sur la base du volontariat d’ici fin 2008. Sachant que la firme dispose d’un effectif de 80 000 personnes au niveau monde. |
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