Résultats : Fnac Darty va placer l’innovation au cœur de son futur plan stratégique

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Face au péril Amazon, quel est le profil du nouveau groupe consolidé de distribution Fnac Darty qui veut monter en puissance en Europe ?

Entre « position défensive » et « opération résolument offensive », Alexandre Bompard justifie le rapprochement entre Fnac et Darty bouclé l’an passé.

C’est la première fois que la présentation des résultats financiers annuels du nouveau groupe consolidé se déroulait ce matin à Paris. Son P-DG peut se montrer satisfait d’avoir remporté la bataille pour l’acquisition face à Steinhoff/Conforama.

Maintenant, il doit réussir l’enjeu des synergies, de l’intégration et de la conquête de part de marché. Certains pans ont commencé à se dévoiler en attendant un véritable projet de transformation.

« Un plan stratégique sera présentée à l’automne avec une pièce centrale : l’innovation. »

Dans son allocution d’introduction, Alexandre Bompard évoque le contexte qui explique ce « mouvement de consolidation incontournable ».

La « pression concurrentielle décuplée » est d’emblée mise en avant face à l’ennemi favori : Amazon. Ce qui change la nature de la compétition avec « une course permanente à l’innovation », selon le dirigeant.

Les usages multimédia changent aussi avec une « génération de consommateurs qui achètent en ligne naturellement ». Mais il ne faut pas oublier la clientèle plus traditionnelles des deux enseignes Fnac et Darty.

Il faudra donc « enrichir chaque enseigne des atouts de l’autre » mais en capitalisant sur les deux marques à travers des « offres combinant le physique et le digital » dans un cadre de distribution en mode omnicanal.

« Le projet, c’est bien deux enseignes puissantes et différentes avec des consommateurs qui ne viennent pas pour la même raison, même si on va oeuvrer sur la complémentarité », évoque le dirigeant.

Position de conquérant

Fort de la combinaison des canaux et des ressources, Alexandre Bompard synthétise les ambitions pour son groupe : « Bâtir un nouveau champion européen de la distribution spécialisée » et accéder au « top 3 dans l’omnicanalité ».

« Ce groupe est désormais en position de conquérant », martèle le dirigeant à la tête de la Fnac depuis 2011.

Pour le nouveau groupe désormais composé de 27 000 collaborateurs installés sur trois pays (France essentiellement, Belgique et Espagne avec « l’Afrique » en vue), d’énormes chantiers sont programmés : poursuite de l’extension des réseaux physiques, accélération des services et des technologies pour renforcer la fidélité des clients, défis logistiques et d’harmonisation de systèmes d’information et bien sûr la question de la gestion des ressources humaines.

En interne, les syndicats commencent à tirer la sonnerie d’alarme. Lors d’une conférence de presse organisée hier (28 février, c’est-à-dire juste avant la présentation des résultats financiers), la section CGT de la Fnac évoquait ses craintes d’une « casse sociale » à la suite du rapprochement avec Darty.

Il aurait été difficile pour Alexandre Bompard d’éluder ce sujet sensible ce matin devant les analystes financiers et les journalistes. Il évoque des « mesures courageuses qu’il a fallu prendre pour se projeter ensuite » (par exemple, une ré-organisation a été menée au sein de la Fnac autour du métier affecté de disquaire).

« Nous avons le même projet avec Darty. Nous voulons travailler à la préservation de l’emploi de différentes manières ». Mais le dirigeant ne nie pas pour autant une « menace de pérennité qui existe, compte de la pression concurrentielle qui est extrêmement forte ». Suivez mon regard…

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Alexandre Bompard, P-DG du groupe Fnac Darty

Endettement : le prix à payer pour acquérir Darty

Les résultats financiers du nouvel ensemble sont perçus comme « solides et en forte croissance » avec « tous les indicateurs au vert » (sachant la prise de contrôle opérationnelle de Darty est intervenue fin juillet 2016).

Dans les grandes lignes, le chiffre d’affaires (pro forma à taux de change constant) est en croissance de 2% 7,41 milliards d’euros. Le résultat opérationnel progresse de 23,1% à 203 millions d’euros. Tandis que le niveau de free cash flow augmente de 17% (hors coûts non récurrents liés à l’acquisition Darty).

« Nous ne fixons pas d’objectifs en fonction des marques pour 2017 mais des plans d’économies en stand alone », évoque Alexandre Bompard.

Mais il faut bien ressentir le prix à payer pour Darty quelque part. On le trouve sur la ligne de l’endettement net financier. Il s’élève à 208 millions d’euros à fin 2016 contre une trésorerie nette de 544 millions d’euros à fin 2015.

Mais les investisseurs approuvent l’évolution du périmètre du groupe avec « une capitalisation boursière qui a doublé en un an » selon Alexandre Bompard.

Il faudra s’attendre aussi à des « développements intéressants dans les prochains mois » avec Vivendi, désormais actionnaire minoritaire du nouvel ensemble.

Premiers pas vers l’intégration groupe

Pour l’instant, les équipes des deux canaux Fnac – Darty apprennent à se connaître. « Elles sont entrées de plain-pied dans la logique d’intégration », assure le patron du groupe consolidé.

« Dans les prochains mois », l’organisation du nouvel ensemble sera finalisée avec des « mesures sociales associées à ces mutualisations seront annoncées au cours du premier semestre 2017 ».

Un « Comex » regroupant les principaux dirigeants des deux enseignes a été établi et un « siège commun » sera bientôt érigé.

Alexandre Bompard souligne un autre point de satisfaction : l’avancée des « synergies » par rapport au calendrier pré-défini.

On parle d’un montant de 130 millions d’euros d’économies réalisées dès 2018 (et non 2019 comme initialement prévu). « Avec déjà 50% de l’objectif atteint dès la fin 2017 », assure la direction du groupe.

Que pèse le business du digital ? Désormais, le groupe Fnac Darty se positionne comme « le deuxième acteur e-commerce en France, juste derrière Amazon » (en termes d’audience avec 13,6 millions de visiteurs uniques en moyenne par mois).

Difficile d’avoir une vue claire sur les résultats financiers par canaux digitaux (Fnac et Darty). Car, légitimement, Alexandre Bompard préfère s’intéresser davantage à la dimension « omnicanalité » (symbolisé par par ses services comme le « click and collect » : je commande sur Internet et je retire le produit en magasin) qu’à la pure vision (réductrice) de l’apport d’Internet.

Néanmoins, les ventes sur Internet au sens  large représentent 17% du chiffre d’affaires de l’ensemble Fnac-Darty.

Côté Fnac, une croissance à deux chiffres dans le digital sur l’année 2016 (+15% en volume d’affaires) a été observée, avec une proportion de 45% de commandes en ligne réalisées en « vente omnicanales ».

Côté Darty, c’est plus flou. En 2015, on évoquait une proportion de 15% réalisée via Darty.com sans faire réellement transparaître cette dimension omnicanale.

Là aussi, un plan d’action sera établi pour que les deux réseaux digitaux « avancent sur un même rythme » : ventes tirées d’Internet, marketplaces et renforcement des ressorts omnicanaux.

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