Incertain quant à sa capacité d’atteindre le milliard de machines sous Windows 10 à l’horizon 2018, Microsoft se montre beaucoup plus confiant vis-à-vis d’un autre objectif fixé pour la même échéance : dépasser les 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur 12 mois glissants avec le cloud Azure.
La firme américaine a des raisons d’être optimiste. Preuve en est des résultats financiers qu’elle affiche pour pour le 4e trimestre de son exercice fiscal décalé, correspondant à la période du 1er avril au 30 juin 2016.
Azure n’est pas encore le principal poste de revenus, mais on s’en approche.
Microsoft ne communique pas précisément le montant de ses ventes, inclues dans le segment « Intelligent Cloud », qui comprend des offres de type Windows Server et Enterprise Mobility (33 000 clients). Pour autant, le groupe fournit deux indicateurs : + 102 % de CA pour Azure… et un usage qui a plus que doublé d’une année sur l’autre.
Bilan : le segment « Intelligent Cloud » dégage des revenus en progression de 7 % sur un an (+ 10 % à taux de change constant), à 6,711 milliards de dollars. Le résultat d’exploitation chute quant à lui de 17 %, à 2,19 milliards, officiellement à cause des « investissements stratégiques » consentis pour développer l’écosystème Azure.
La dynamique est moins favorable pour le segment « More Personal Computing » : le chiffre d’affaires passe en dessous de la barre des 9 milliards de dollars (- 4 %), malgré une hausse des facturations pour les licences Windows (+ 2 % sur les éditions professionnelles ; + 27 % pour les autres), ainsi que pour la gamme Surface (+ 9 %, à 965 millions de dollars ; pas de précisions sur la répartition des ventes entre les tablettes, le convertible Surface Book et les accessoires).
L’activité qui plombe l’ensemble du segment, c’est la téléphonie : – 71 % de chiffre d’affaires. Microsoft ne fournit pas de chiffres de ventes. On en reste donc aux 2,3 millions de Lumia écoulés au précédent trimestre (- 73 % sur un an).
Indicateurs également dans le rouge pour la Xbox : – 9 % de CA, avec moins de consoles vendues et un prix moyen en baisse, quand bien même la base d’utilisateurs du service Xbox Live continue de croître (49 millions de joueurs, soit 3 millions de plus sur un trimestre et 12 millions sur un an).
À souligner la bonne performance du business publicitaire search (liens sponsorisés), également intégré dans le segment « More Personal Computing ». Les revenus augmentent de 16 % une fois déduites les commissions reversées aux partenaires (+ 54 % sinon). Microsoft attribue cette hausse à « une intégration plus poussée de Bing dans Windows 10 ».
Windows 10, justement, a un poids particulier dans les résultats de la multinationale*, qui a décidé, il y a environ un an, de différer une partie du chiffre d’affaires associé. Elle a, en l’occurrence, adopté un modèle similaire à celui d’Office 365, pour lequel les revenus liés aux souscriptions à l’année sont répartis de manière égale sur les quatre trimestres.
Cette politique n’est pas forcément très lisible, étant donné qu’elle a à voir avec le cycle de vie des machines qui adopteront le nouvel OS. Cycle de vie que Microsoft définira à sa convenance.
Les quelque 2 milliards de dollars de revenus différés changent tout dans la communication financière : alors qu’à périmètre constant sur un an, le CA global progresse de 2 % à 22,642 milliards de dollars, il recule de 7 % (20,614 milliards) exprimé en normes comptables GAAP.
Microsoft évoque aussi un manque à gagner de 596 millions de dollars inhérent à l’évolution des taux de change (dollar fort). Le premier éditeur mondial accuse aussi une charge de 1,1 milliard de dollars : 630 millions pour la dévaluation de l’activité smartphones et 480 millions pour la restructuration de cette même activité.
On est toutefois loin de la charge de plus de 7 milliards retenue il y a un an avec l’intégration délicate du business « Terminaux & Services » de Nokia (plus de 19 000 postes supprimés à cette occasion).
Cela se ressent en normes GAAP : le résultat net repasse au vert, à 3,122 milliards de dollars (soit 39 cents par action), contrastant avec les pertes de 3,195 milliards enregistrées au 4e trimestre de l’exercice fiscal précédent. En non-GAAP, il augmente de 8 %, à 5,484 milliards de dollars, sur une marge brute en recul de 14 %, les dépenses d’exploitation ayant significativement progressé pour développer l’activité cloud.
Au cours du trimestre, Microsoft a octroyé 6,4 milliards de dollars aux actionnaires sous la forme de dividendes et de rachats de titres.
* À noter, sur la partie « Productivity and Business Processes », que le rythme d’adoption d’Office 365 ralentit aussi bien dans les entreprises (+ 45 % d’utilisateurs en un an) que sur le grand public (900 000 supplémentaires en un trimestre). La bascule vers le cloud est prégnante sur l’offre Dynamics CRM : quatre clients sur cinq choisissent ce modèle de déploiement.
Crédit photo : TonyV3112 – Shutterstock.com
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