La conquête du monde n’est pas une mince affaire pour Netflix.
Accords de licence, production de contenus originaux, campagnes marketing… Les investissements consentis par plate-forme américaine de vidéo à la demande sur abonnement (SVoD) ne faiblissent pas dans le cadre de son développement à l’international.
Mais ce sont toujours les États-Unis qui portent l’activité, comme le laissent entrevoir les derniers résultats financiers de la société. Laquelle précise d’ailleurs, dans sa lettre aux actionnaires (document PDF, 13 pages), qu’en l’état, elle prévoit une levée de dette fin 2016 ou début 2017.
Dans l’absolu, les indicateurs sont au vert pour le 4e trimestre 2015 est en forte augmentation, avec notamment un chiffre d’affaires en hausse de plus de 20 % d’une année sur l’autre, à 1,823 milliard de dollars.
Ces revenus proviennent pour l’essentiel de l’offre SVoD : 1,106 milliard de dollars aux États-Unis (+ 21 % sur un an, avec une adoption en hausse pour la formule Ultra HD à 11,99 dollars par mois), contre 566 millions de dollars dans le reste du monde.
Les 151 millions de dollars restants sont associés à l’offre de location de DVD par voie postale, toujours exploitée sur le marché américain malgré une base d’utilisateurs sur le déclin (4,904 millions au 31 décembre 2015, soit 863 millions de moins qu’un an auparavant).
La dynamique est plus favorable sur la partie streaming, avec, à fin 2015, 74,76 millions d’utilisateurs (dont 70,84 millions payants). C’est 17 millions d’ajoutés sur l’année.
Le niveau de recrutement a été particulièrement élevé au 4e trimestre : + 5,59 millions de souscriptions, dont 4,04 millions hors des États-Unis. Sans doute l’effet du lancement de Netflix en Espagne, au Portugal et en Italie au mois d’octobre.
Cette croissance de la base d’utilisateurs fait cependant écho à une augmentation des pertes : 108,815 millions de dollars, contre 78,662 millions il y a un an. Alors que dans le même temps, aux États-Unis, la marge brute passe de 256,826 à 379,041 millions de dollars, quand bien même Netflix ne recrute « que » 5,624 millions de clients sur l’année – soit deux fois moins que dans le reste du monde.
Sur le 4e trimestre, les investissements en R&D (180 millions de dollars) ont augmenté plus sensiblement que les dépenses marketing (224 millions). Le résultat d’exploitation s’affiche à 59,894 millions de dollars, pour un résultat net de 43,178 millions, soit 10 cents par action – en normes comptables GAAP, un format qui arrange mieux Netflix pour des questions de régularisation d’impôts.
Netflix prévoit de proposer 600 heures supplémentaires de contenus originaux en 2016, contre 450 heures en 2015. L’accent sera mis sur des films et séries « localisés », à l’image de Marseille, qui mettra en scène Gérard Depardieu.
Les prévisions pour le trimestre en cours font état de 6,1 millions d’abonnés supplémentaires. Il faut dire que la plate-forme a annoncé, début janvier dans le cadre du CES, son expansion dans 130 pays, avec une clientèle potentielle de 190 millions de foyers connectés en (très) haut débit.
Une exception au tableau : la Chine. Selon le CEO Reed Hastings, qui n’a pas manqué de faire l’analogie avec le cas de l’iPhone, l’entrée sur ce marché « prendra le temps qu’il faut », le temps d’établir « des relations solides » sur place.
Pas plus d’inquiétude dans le discours du dirigeant concernant l’éventuel impact des mesures qui vont être prises contre les abonnés exploitant un VPN afin de contourner le blocage géographique des contenus. Mais l’objectif est clairement annoncé : négocier des accords internationaux pour résoudre définitivement le problème.
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