Résultats Twitter : la rentabilité reste un horizon lointain
Les marchés ont lourdement sanctionné Twitter, qui a creusé ses pertes sur le 1er trimestre 2015 malgré une hausse de ses revenus publicitaires.
Les marchés ont froidement accueilli la publication du bilan financier de Twitter pour le 1er trimestre 2015 : le cours de l’action TWTR, cotée sur le NYSE, a chuté de 18,18 % en séance ce mardi… et de 1,63 % supplémentaire dans les échanges d’après-Bourse, atteignant 42,27 dollars.
Fait rare, les résultats avaient été révélés avant l’heure officielle par le cabinet en conseil financier Selerity – qui s’est défendu de toute « fuite » en assurant que les documents étaient bel et bien accessibles sur le site institutionnel de Twitter. L’agitation suscitée chez les investisseurs a entraîné une suspension temporaire de la cotation.
Alertés par les prévisions prudentes du réseau social pour le reste de l’année (le CEO Dick Costolo communique quasi exclusivement sur une stratégie « à long terme »), les marchés se montrent surtout circonspects vis-à-vis de la faible croissance de la base d’utilisateurs.
Twitter revendique en l’occurrence 302 millions de comptes actifs au moins une fois par mois (+ 18 % en un an et 14 millions de plus en un trimestre), dont environ 80 % (241,6 millions) se connectent sur mobile. Difficile néanmoins de comparer cette audience à celle de Facebook et ses 1,441 milliard de membres actifs, dont 1,25 milliard sur mobile.
L’activité de Twitter est également impactée par la hausse du dollar : quand bien même il augmente de 74 % d’une année sur l’autre à 435,9 millions de dollars, le chiffre d’affaires rate le consensus, fixé à 456 millions. Il s’en serait approché à taux de change constant (451 millions). Quant au résultat net, il reste dans le rouge, à – 162,4 millions de dollars, soit 25 cents perdus par action.
Une plate-forme publicitaire
D’après Dick Costolo, les nouvelles solutions publicitaires n’ont pas encore engendré les résultats escomptés, si bien que la consolidation doit se poursuivre. C’est dans cette logique que s’inscrit l’acquisition – tout juste officialisée – de TellApart, un spécialiste du reciblage multiplateforme.
Twitter a aussi noué un accord avec la régie DoubleClick de Google sur la mesure de performance, à l’heure où la publicité reste sa principale source de revenus : 388 millions de dollars (+ 72 % d’une année sur l’autre), dont 89 % provenant du mobile.
L’international pèse désormais 147 millions de dollars, soit 34 % du CA. Dans le même temps, les dépenses en R&D frôlent les 200 millions de dollars, tout comme pour le marketing. Si bien que Twitter n’entrevoit toujours pas la profitabilité. Et ses prévisions pour le trimestre en cours (470 à 485 millions de CA) sont bien en dessous de celles des analystes (538 millions).
La satisfaction du trimestre, c’est l’application de live streaming vidéo Periscope, utilisée par « plus d’un million de personnes » dans les 10 jours suivant sa sortie le 26 mars.
Le trimestre a été marqué par le lancement de plusieurs autres fonctionnalités comme « Pendant que vous étiez absent » (qui permet aux twittos de consulter une sélection de tweets publiés depuis leur dernière connexion au service), Instant Timelines (recommandation de contenu aux nouveaux inscrits) et la messagerie de groupe (jusqu’à 30 personnes).
Sur le volet publicitaire, on notera cette nouvelle page d’analytics, ce service Quick Promote pour les TPE/PME, ces partenariats avec Flipboard et Yahoo Japan pour étendre la portée des tweets sponsorisés et cet accord avec Google sur l’indexation des tweets dans son moteur de recherche.
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