Redéfinir le périmètre de certaines activités et reclasser les revenus associés, mettre en avant la baisse des dépenses d’exploitation, insister sur le bénéfice généré par la vente d’actifs immobiliers… Yahoo s’est livré à un véritable exercice de style pour présenter ses résultats trimestriels.
La CEO Marissa Mayer a fait de même lors de la conférence téléphonique avec les analystes. À la sortie, on n’a pas plus d’informations sur le processus d’enchères que le groupe Internet a lancé en début d’année pour revendre – entre autres – son cœur de business dans les services en ligne. Tout au plus nous assure-t-on que les dernières offres reçues « sont à l’étude ».
Sur le volet financier, c’est un peu particulier. À périmètre constant, le chiffre d’affaires baisse de 15 %, à 1,055 milliard de dollars. Mais dans la communication officielle, il augmente de 5,2 % à 1,307 milliard de dollars.
Ce différentiel de 252 millions de dollars est lié à un avenant à l’accord mi-technologique, mi-publicitaire signé en 2009 avec Microsoft autour du partage des revenus émanant des liens sponsorisés Bing Ads diffusés sur le moteur de Yahoo.
Jusqu’alors déduites directement du chiffre d’affaires, les sommes reversées aux partenaires sont désormais rapportées comme des coûts d’acquisition de trafic (TAC). Ces derniers augmentent donc sensiblement d’une année sur l’autre, passant à 466 millions de dollars, contre 200 millions au 2e trimestre 2015. Ils auraient crû de 7 % sinon.
Au 30 juin 2016, Yahoo n’emploie plus que 8 800 personnes, contre 11 000 un an plus tôt. Cela se ressent dans les dépenses d’exploitation, en repli sur la R&D (280 millions de dollars, contre 306 millions l’année dernière) comme sur le commercial (de 274 à 226 millions) et l’administratif (de 280 à 158 millions).
La vente d’actifs immobiliers à Santa Clara a par ailleurs rapporté 246 millions de dollars net. Ce qui ne compense cependant pas la charge de 482 millions de dollars associée à la dépréciation de la Tumblr. Yahoo estime que la plate-forme de blogs n’a plus la valeur qui lui était attribuée lors de son acquisition, en 2013, pour 1 milliard de dollars.
Bilan, le résultat d’exploitation s’établit à – 490 millions de dollars (contre – 45 millions un an plus tôt), pour 440 millions de dollars de pertes, soit 46 cents par action en normes comptables GAAP.
Un motif de satisfaction : les revenus sur le mobile poursuivent leur nette progression, à 378 millions de dollars (+ 66 %), quand ceux issus du desktop sont stables, à 875 millions de dollars.
Le recul du display se confirme, avec un CA à 395 millions de dollars (- 3 %, TAC déduits). Le nombre de publicités commercialisées diminue de 9 % ; le prix par publicité, de 15 %.
Dans l’absolu, le search monte en puissance, avec un CA à 711 millions de dollars. Sauf qu’à périmètre constant (hors accord Microsoft, donc), il chute de 13 %, à 459 millions de dollars, tandis que les TAC augmentent de 32 %, à 140 millions de dollars (là aussi, hors accord Microsoft). Le CPC augmente de 8 %, mais le nombre de clics baisse de 24 %.
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