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La crise grecque, les attentats à Paris, le scandale Volkswagen, la cavale du narcotrafiquant Joaquín Archivaldo Guzmán Loera (dit « El Chapo »), la Coupe du monde de rugby… Google passe en mode rétrospective et retrace les événements marquants de l’année 2015 à travers les requêtes formulées dans son moteur de recherche.

Mais qu’en est-il du business du groupe Internet, deuxième derrière Apple au dernier classement des marques les plus influentes établi par Interbrand ?

L’année a été marquée par une « restructuration surprise » sous le prisme d’Alphabet, structure positionnée à mi-chemin entre une société de capital-risque et une holding d’investissement.

Les nombreuses acquisitions réalisées par Google suffisent à illustrer la diversification de ses activités au-delà de la recherche en ligne.

Sur la liste figurent Launchpad Toys (applications mobiles pour les enfants), Odysee (partage de photos et de vidéos), Red Hot Labs (gestion de campagnes marketing sur Facebook pour les développeurs) ou encore Timeful (gestion automatique des tâches et des rendez-vous dans les agendas).

Mais aussi Lumedyne (technologies d’accéléromètre), Pixate (prototypage d’apps mobiles), Jive Mobile (plate-forme cloud pour déployer des services de messagerie sur norme RCS), Divshot (développement Web), Digisfera (photo à 360 degrés) et Fly Labs (développement d’applications pour l’édition vidé).

Santé !

Google est monté en puissance dans le domaine de la santé. Toutes les technologies inhérentes aux sciences de la vie sont d’ailleurs à la charge d’une entité dédiée depuis cet été. Notamment le projet Im2Calories, qui exploite l’intelligence artificielle pour estimer la valeur énergétique d’un plat.

Plus récemment, le laboratoire Google X a déposé, aux États-Unis, un brevet permettant de prélever du sang à la surface de la peau, par capillarité. On relèvera aussi cette alliance avec Sanofi pour lutter contre le diabète.

Google en 2015, c’est aussi un vaste chantier sur les voitures autonomes, avec un chef d’unité recruté chez Hyundai, des alliances industrielles, de l’expertise technologique dans les logiciels et le traitement de la data… ainsi que des accrocs, comme cette amende infligée à l’une des « Self-Driving Cars » de la firme, qui roulait trop lentement (38 km/h), créant un embouteillage sur une route de la Silicon Valley.

Une phase de grands travaux est également en cours sur les problématiques de connectivité réseau.

Aux États-Unis, Google continue de déployer de la fibre tout en exploitant une offre de téléphonie mobile basée sur des capacités louées à Sprint et T-Mobile. À l’échelle de la planète, c’est le projet Loon et ses ballons atmosphériques « connectés » qui retient l’attention. Un premier déploiement a eu lieu au Sri Lanka. L’Indonésie, avec ses 250 millions d’habitants dont deux tiers qui n’ont pas accès à Internet, est sur la feuille de route pour 2016.

Intelligence ambiante

Plus insolite : Google s’intéressait au burger synthétique ! La multinationale aurait en l’occurrence tenté – en vain – de mettre la main sur Impossible Foods, qui imite les produits alimentaires d’origine animale avec des protéines végétales.

L’initiative dans la livraison de produits frais, avec un service concurrent d’Amazon Fresh, est elle bien officielle. Tout comme le projet Wing, qui pourrait se matérialiser en 2017 avec un autre service de livraison, mais par drones.

Google a aussi l’oeil sur la ville connectée, à travers le laboratoire Sidewalk, dirigé par l’ancien CEO de Bloomberg.

Au coeur de cette réflexion, l’intelligence artificielle, abordée sous de nombreux angles, par exemple celui d’un algorithme capable d’apprendre à maîtriser un jeu vidéo en se basant uniquement sur ses expériences.

La notion d’apprentissage automatique (machine learning) a pris de l’importance dans l’écosystème Google, que ce soit dans le moteur de recherche via la technologie RankBrain, dans l’application mobile de messagerie électronique Inbox pour automatiser la réponse à certains e-mails ou sur le cloud, via des API comme Vision, qui apporte des capacités « d’interprétation » des images.

Google travaille aussi sur l’informatique quantique, en lien étroit avec le monde universitaire. Sans forcément abandonner certains projets mis en sourdine, comme les Google Glass, qui pourraient être relancées dans le cadre de l’initiative Project Aura, visant plus large en matière d’informatique vestimentaire.

Protection rapprochée

En attendant l’éventuel come-back de ces lunettes connectées, l’offre hardware fait la part belle aux équipements multimédias tels que le Chromecast, mais aussi aux tablettes (en tête de liste, la Pixel C) et aux smartphones (Nexus 5X, Nexus 6P).

Autant de terminaux qu’il faut sécuriser. À ces fins, Google a mis en place un programme de « chasse aux bugs » avec des récompenses financières à la clé. Tout en resserrant l’étau sur les autorités émettrices de certificats de chiffrement.

Côté utilisateur, une interface unique ( « About Me ») a été mise en place pour la gestion globale des données personnelles, qu’elles soient privées ou publiques. Il a aussi été décidé de faire apparaître plus régulièrement, dans Chrome, des messages d’avertissement si l’on tente de visiter des sites détectés comme malveillants.

La session Google I/O 2015 aura également été l’occasion d’annoncer deux initiatives. Premièrement, Project Abacus, qui vise à remplacer, sur les appareils mobiles, les mots de passe par des identifiants d’autant plus personnels qu’ils sont basés sur des critères biométriques (frappe au clavier, traits du visage, sonorité de la voix…). Deuxièmement, Project Vault, un ordinateur sécurisé logé dans un châssis de carte microSD et qui fonctionne comme un coffre-fort numérique via une suite de services cryptographiques.

Les développeurs ont également eu le droit à leur lot de nouveautés, d’Android Studio 2.0 (bêta) au projet AMP (sous-ensemble de HTML destiné à optimiser l’affichage des contenus statiques sur le Web mobile) en passant par un cours dédié à Android sur la plate-forme Udacity.

Les limites d’un modèle

Pointé du doigt pour ses techniques d’optimisation fiscale (montant d’impôts réduit de 35 % en France entre 2013 et 2014), Google est également scruté de près par les autorités antitrust. Au mois d’avril, Bruxelles a même déposé une plainte formelle pour abus de position dominante sur la comparaison des prix des produits sur Internet, tout en ouvrant un autre front relatif à l’influence d’Android. Ce dernier point ferait aussi l’objet d’un examen approfondi aux États-Unis.

Autre pierre d’achoppement pour Google : les bloqueurs de publicité, qui impactent directement son modèle économique. La décision a été prise de faire front commun avec les éditeurs en appelant à une alliance forte dans l’industrie digitale pour enrayer la montée en puissance des « adblockers » – Google a aussi rejoint une coalition qui lutte contre la fraude au clic.

La situation est tout aussi complexe dans le domaine de la recherche en ligne. Plusieurs éditeurs de services verticaux, comme Yelp et TripAdvisor, accusent Google de mettre ses offres en avant dans son moteur. Lequel continue de gagner des parts de marché (plus de 90 % en Europe) avec, il est vrai, l’ajout régulier de nouvelles fonctionnalités comme ce système de marque-pages pour la recherche d’images ou cette capacité à ouvrir des liens directement dans des applications mobiles.

Le navire est plus instable sur le volet social avec Google+, qui a dernièrement changé de visage : plus que de miser sur l’aspect réseau, la stratégie s’oriente sur les « intérêts » des utilisateurs, à travers la notion de « Communautés ».

D’autres activités semblent aujourd’hui plus porteuses, que ce soit le e-commerce (avec par exemple ce bouton « Acheter » associé aux liens sponsorisés dans la version mobile de Google Search) ou le paiement mobile, sous la bannière Android Pay.

Crédit photo : Kichigin – Shutterstock.com

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