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Révélations Panama Papers : 4 ricochets pour le numérique

Le dossier Panama Papers, qui permet aux médias du monde entier de déballer de nombreuses affaires en lien avec l’évasion fiscale organisée depuis Panama et qui éclaboussent des personnalités, des régimes et des sociétés, est instructif à plusieurs titres. Chaque journée fournit son lot de révélations fracassantes.

Comment s’organise le traitement des données en masse collectées par les médias en provenance du désormais fameux cabinet fiscaliste panaméen Mossack Fonseca ? Comment les données ont-elle fuité en volume ? Quelles réactions à chaud perçues dans la sphère du numérique (cas de Patrick Drahi) ?

ITespresso.fr vous propose une sélection de quatre angles de sujets ayant des implications dans la sphère numérique, au regard de l’abondante production d’informations relatives à ces affaires publiées et au nombre d’institutions et de personnalités impliquées.

Sachant que le robinet de révélations – mêlant ouverture de comptes en Suisse, création de sociétés-écrans, exploitation de prête-noms et autres véhicules offshore – vient juste de s’ouvrir…

ICIL : centre névralgique des révélations Panama Papers

ICIL. Retenez bien cet acronyme qui risque de faire couler autant d’encre que WikiLeaks. C’est le Consortium international des journalistes, qui regroupe 107 médias dans 76 pays (dont Le Monde qui multiplie les révélations et qui a mis en place un dispositif éditorial spécial pour la couverture du sujet).

Depuis un an, une équipe de 370 journalistes est mobilisée pour cette enquête internationale (Inde, Allemagne, Suisse, Russie, Japon…)

C’est le centre névralgique qui a eu accès à une masse d’information inédites sur les coulisses de la finance offshore et des paradis fiscaux. L’ICIL est parvenu à récupérer 11,5 millions de fichiers qui proviennent des archives du cabinet conseil panaméen Mossack Fonseca, couvrant la période 1977-2015.

« La plus grosse fuite d’information jamais exploitée par les médias », selon Le Monde qui évoque un traitement « big data » pour traiter, analyser, disséquer et vérifier les informations accumulées en 40 ans par le cabinet fiscaliste par qui le scandale est arrivé (214 000 entités offshore créées ou administrées par Mossack Fonseca avec 21 paradis fiscaux différents impliqués et des clients repérés dans le monde entier).

Jamais un collectif de médias n’a disposé de cette puissance de feu pour dévoiler des informations sensibles au niveau mondial. A la fois « Chien de garde » et « lanceur d’alerte », l’ICIL s’était déjà distingué dans d’autres affaires comme l’OffShoreLeaks sortie en 2013 et ChinaLeaks en 2014. Deux variations sur le même thème des pratiques opaques associées aux paradis fiscaux.

Le journal La Croix vient de consacrer un focus sur cette organisation d’investigation journalistique à but non lucratif dont la création aux Etats-Unis remonte à 1997. Le siège est à Washington DC.

Traitement Big data : surprise, une start-up française derrière…

D’abord, il faut imaginer la masse de données recueillies : 11,5 millions de fichiers en provenance de Mossack Fonseca soit un volume de 2,6 térabytes de documents (4,8 millions d’e-mails, 2 millions de fichiers PDF, 1,1 million d’images…).

L’ICIL a mis en place « un environnement sécurisé » pour que les journalistes des rédactions du monde entier puissent avancer dans leurs investigations.

Dans son édition du jour, Les Echos publie un focus intéressant sur la manière dont la start-up française Linkurious aide l’ICIL à décortiquer cette formidable masse d’information et donne la parole aux Décodeurs du quotidien Le Monde plongée au cœur de cette investigation gigantesque.

Fondée par Jean Villedieu et Sébastien Heymann, la jeune pousse exploite la technologie de bases de données Neo4J et une solution de visualisation de réseaux en open source.

Fuite des informations: Qui a fait cela ? Et comment ?

C’est l’un des grands mystères dans les révélations Panama Papers. Comment cette masse d’information a été extraite des serveurs de Mossack Fonseca ?

Les éditeurs de sécurité IT vont suivre avec une grande attention les failles du système du cabinet de Mossack Fonseca. LeMonde.fr avance aussi sous cet angle.

L’identité ou l’entité qui a lancé l’alerte n’est pas révélée par l’ICIL. Le Monde précise juste que le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung a eu accès « gracieusement » via une « source anonyme » à 11,5 millions de documents portant sur des pratiques d’évasion fiscale en provenance de Panama.

C’est trop pour un seul média en termes de volumes. L’union fait la force : le journal allemand s’est rapproché de l’ICIL qui a pris le relais en déployant les ressources mises à sa disposition.

Dans l’édition du Monde du jour (datée du 7 avril 2016), on apprend que Ramon Fonsecra Mora, Directeur et cofondateur du cabinet Mossack Fonseca, a annoncé son intention de porter plainte pour « piratage informatique à partir de serveurs étrangers ».

Une plainte aurait été déposée dans ce sens en début de semaine auprès du parquet panaméen.

Le 4 avril, le cabinet conseil au coeur de la tempête médiatique a diffusé un communiqué pour commencer à organiser sa défense.

Premier impact dans le numérique : Patrick Drahi cité dans l’enquête journalistique

Dès lundi, Patrick Drahi a pris ces précautions en communiquant sur les révélations Panama Papers qui le rattrapent. Selon Reuters, son nom est cité dans le cadre de l’enquête journalistique sur les sociétés offshore du Panama.

Le dirigeant d’Altice (propriétaire de SFR en France) a émis un communiqué « pour éviter tout amalgame » pourrait-on dire et que les fuites nuisent à son image ou à celle de son groupe engagé dans les télécoms et les médias.

Entre novembre 2008 et décembre 2010, Altice déclare avoir « avoir recouru légalement » aux services de la société panaméenne Mossack Fonseca.

« Le groupe international Altice, que contrôle M. Patrick Drahi et qui compte aujourd’hui 262 filiales et participations dans le monde, a recouru à une société panaméenne, dans laquelle ni M. Patrick Drahi ni le groupe Altice n’ont jamais détenu, directement ou indirectement, de participation », précise le groupe dans un communiqué.

Tout en poursuivant : « Cette société [Mossack Fonseca] a été utilisée sur des opérations accessoires pour des raisons de stricte confidentialité et dans des conditions parfaitement légales, sans aucune incidence fiscale, et a fortiori étrangères, de près ou de loin, à toute fin d’évasion, de dissimulation, ou d’optimisation fiscale ».

Le groupe Altice prévient : « Toute évocation de Patrick Drahi ou du groupe Altice en relation avec des situations frauduleuses ou liées à l’évasion fiscale dans cette enquête serait diffamatoire et donnera lieu aux actions appropriées. » Gentils, les chiens de garde…

(Crédit photo : Shutterstock.com – nevodka)

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