Révolution numérique : quel impact sur l’économie ?

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Productivité, compétitivité, destructions de postes : le cabinet Roland Berger revient sur l’évolution du marché de l’emploi français au gré de la « transformation numérique » de l’économie.

Nécessaire pour protéger l’appareil productif français et maintenir la compétitivité du pays, la digitalisation de l’économie est porteuse d’un risque de déstabilisation des grands équilibres économiques, sociaux et géographiques.

Ce paradoxe s’illustre dans l’étude « #DigitalImpact : Think, Act » (document PDF, 27 pages) réalisée par Roland Berger. Le cabinet de conseil est formel : la transformation des modes de production liée à cette « troisième révolution industrielle » (après la vapeur au 19e siècle et le moteur à explosion associé à la télétransmission au 20e siècle) aura des effets en cascade. L’extension des possibilités d’automatisation remettra notamment en question la place de l’homme dans les processus de création de valeur, y compris sur l’aspect décisionnel.

En s’appuyant sur une enquête menée en 2013 par l’université d’Oxford, Roland Berger estime que 42 % des métiers en France présentent une probabilité d’automatisation forte du fait de la numérisation de l’économie. L’informatique décisionnelle (cloud, big data, apprentissage automatique), la robotique avancée et les objets connectés constituent autant de tendances susceptibles de modifier profondément, au-delà de la production de biens matériels, des activités intellectuelles que l’on croyait jusqu’ici protégées.

Tandis que les logiciels permettant de créer des contenus factuels et simples auront un impact sur le journalisme, le marketing ou encore les services financiers, les robots capables de se déplacer dans des environnements non prévisibles pourront par exemple se substituer au personnel soignant pour la distribution de médicaments ou de repas en hôpital. Les véhicules autonomes – illustration avec le modèle Next Two de Renault – devraient pour leur part avoir un impact sur les flottes urbaines captives d’ici une dizaine d’années.

Des destructions de postes à prévoir

Exemple emblématique de métier qualifié qui devrait être touché par la révolution digitale : le courtier en assurance, à travers la distribution et la gestion de portefeuille en ligne, la comparaison de l’offre des assureurs via des sites spécialisés ou encore la prévision de l’évolution des taux avec des logiciels dédiés. Certaines fonctions – comme le contact avec les clients pour comprendre leur besoin, la négociation des tarifs avec les assureurs et le rôle d’intermédiaire en cas de contentieux – échapperont durablement à l’automatisation, mais la prise en charge de tâches toujours plus nombreuses par des logiciels pourrait conduire à une réduction sensible du nombre de courtiers.

Bilan : à l’horizon 2025, trois millions d’emplois pourraient être détruits dans l’Hexagone, contribuant à l’augmentation d’un taux de chômage qui pourrait atteindre les 18 % à cette échéance. Et si la numérisation de l’économie ouvre des perspectives de création d’emplois dans l’environnement et la relation client comme dans les nouvelles technologies elles-mêmes, les postes créées ne se substitueront probablement pas à deux détruits, que ce soit en termes de niveau de compétence requis, de proposition sur la chaîne de valeur ou de répartition géographique.

Selon Roland Berger, il en résultera aussi davantage de polarisation entre les métiers automatisables (soumis à une plus forte pression) et ceux qui, a contrario, « tendront à voir leur valeur et les compétences attendues pour les exercer ». Dans le même temps, le hausse de productivité liée à cette transformation digitale pourrait générer 30 milliards de dollars de recettes publiques additionnelles et la même somme en investissements privés. A condition que les pouvoirs publics adoptent la stratégie adéquate…

Crédit photo : Andrea Danti – Shutterstock.com

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