En 2015, 27 % des accès haut débit d’Europe de l’Ouest se feront en très haut débit (THD), selon l’Idate, le cabinet d’étude et de conseils du secteur des télécommunications qui présentait ce matin à la presse le programme de ses 29e conférences Digital World Summit 2007 (Montpellier, les 14 et 15 novembre). « Si le haut débit classique tiré par l’ADSL restera le moyen d’accès dominant, le THD commencera à remplacer l’ADSL à partir de 2010/2012« , estime Roland Montagne, responsable Practice Broadband de l’Idate.
Fin 2006, l’Europe des 27 (plus la Norvège et l’Islande), comptait un 1,1 million d’abonnés THD. On est loin des Etats-Unis où l’opérateur Verizon a enregistré son millionième abonné fibre optique au deuxième trimestre 2007 et, surtout, du Japon qui frôle les 10 millions d’utilisateurs à mi 2007 (avec un rythme de croissance de 800 000 nouveaux clients chaque trimestre).
Une croissance annuelle encourageante
Le déploiement du THD en Europe affiche néanmoins une croissance annuelle encourageante de 130 % avec 5,6 millions de prises à mi 2006 contre 2,4 millions un an plus tôt. Le rythme de souscriptions est plus modeste avec seulement 23 % de croissante entre mi 2005 (616 120 abonnés) et mi 2006 (756 629).
Deux technologies caractérisent le déploiement du THD sur le territoire européen à travers la fibre optique : le FTTH (la fibre à domicile) et le FTTB (la fibre arrive au pied de l’immeuble, le domicile est ensuite relié en technologie paire de cuivre VDSL ou VDSL2 ). Selon l’Idate, le FTTH occupera 18 % des lignes à l’horizon 2015 contre 9 % pour le VDSL (le reste étant le fait des technologie ADSL et câble).
Si le VDSL s’appui sur le réseau téléphonique (déjà en place, donc), sa technologie permet difficilement de dépasser les 50 Mbit/s. Une qualité crête de bande passante qui fluctue selon la configuration de la ligne (notamment sa longueur). A l’inverse, la fibre est insensible aux perturbations où à la distance et pourra potentiellement évoluer de 100 Mbit/s à plusieurs Gbit/s. Le FTTH est donc plus prometteur sur le long terme que le FTTB.
Un tiers des lignes parisiennes ne supportent pas plus de 10 Mbit/s
Plusieurs facteurs justifient les choix technologique. Le terrain, d’abord. Selon la typologie du réseau téléphonique, certaines régions d’Europe se prêtent mieux à l’exploitation du VDSL que le FTTH. Comme en Allemagne et en Angleterre où les distances moyennes qui séparent les sous-répartiteurs du foyer s’élèvent respectivement à 300 et 400 mètres contre 700 à 800 mètres en France. Y compris dans les zones densément peuplées. Ainsi, environ un tiers des lignes parisiennes sont trop longues et ne supportent pas plus de 10 Mbit/s de bande passante.
Ensuite, la compétition avec les câblo-opérateurs poussent les opérateurs à déployer des réseaux THD à moindre frais. Le FTTH nécessite des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros. « Le génie civil compte pour 60 à 70 % des coûts de déploiement« , rappelle Roland Montagne. Le FTTB/VDSL est plus accessible dans la mesure où les travaux de génie civil et le déploiement dans les bâtiments est déjà fait la plupart du temps.
De part la typologie de son réseau téléphonique, « la France est bien placée sur le FTTH en Europe« , analyse le responsable de l’Idate. Du moins en termes d’annonces avec les plans de France Telecom/Orange, Free et Neuf Cegetel. D’ici 2012, 4,5 millions d’abonnés devraient bénéficier de la fibre optique à domicile (FTTH majoritairement).
Un facteur de compétitivité
Parallèlement, Numéricâble vise les 2 millions de foyers raccordables THD d’ici fin 2007. « Le câble est bien positionné sur le THD car le génie civil est fait, l’opérateur peut tirer de la fibre à moindre frais« , commente Yves Gassot, directeur général de l’Idate, « son choix technologique, Doc SIS 3, est pérenne mais il restera à vérifier les conséquences de son image sur les résultats. » Suite aux récentes restructurations du secteur, Numéricâble a en effet connu une série de difficultés techniques qui ont généré une fronde de mécontentements au point d’attirer l’attention de la DGCCRF.
L’arrivée de la fibre optique et ses très haut débits entraînera de nouveaux usages. Si la distribution de vidéo, notamment en haute définition, est déjà au rendez-vous, nombreuses sont les applications qui restent à déployer ou inventer : visio-conférence en haute qualité, simultanéité des services, téléprésence, mûr d’images… La symétrie de la communication (le fait que l’on puisse envoyer des contenus aussi vite qu’on les télécharge) sera également un facteur d’adoption, notamment avec le développement des applications Web 2.0. Pour les entreprises, l’accès à la fibre s’affichera comme un facteur de compétitivité. « La distribution en ligne de logiciels modularisés sous forme d’applications web est appelée à se développer dans les usages professionnels« , souligne Yves Gassot.
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