Routeurs chinois : les Etats-Unis manquent de preuves d’espionnage contre Huawei
Quand bien même les routeurs de Huawei présentent des failles de sécurité, l’équipementier télécoms n’espionne pas les Etats-Unis.Telles sont les conclusions d’un an et demi d’enquête au nom de la Maison Blanche.
Après 18 mois d’enquête aux Etats-Unis, perçoit-on une accalmie dans l’affaire des routeurs chinois (Huawei, ZTE) ?
La prudence reste de mise pour les autorités en charge de la sécurité nationale.
C’est en ce sens qu’il convient d’interpréter le rapport de la Maison Blanche, dont Reuters s’est procuré une copie.
Un constat : la poire est coupée en deux.
Certes, les investigations conduites auprès de plus d’un millier d’utilisateurs ont conclu à de multiples vulnérabilités dans les équipements réseau de Huawei.
Rien n’a cependant pu prouver que le groupe télécoms eût sciemment exploité ces portes dérobées pour se livrer à des opérations d’espionnage.
Pourtant, les spéculations dans ce sens ne manquent pas au niveau des commissions d’experts au Congrès et au niveau des agences fédérales chargées du renseignement.
La polémique avait enflé plus encore au cours de l’été, après la révélation au grand jour d’une série de failles de sécurité dont certaines mineraient encore, à l’heure actuelle, deux produits cités pour l’exemple.
En l’occurrence, les modèles AR18 et AR29 (résidentiel / TPE et entreprise), inscrits au catalogue des produits Huawei.
De type « backdoor », les vulnérabilités en question permettraient une prise de contrôle à distance de tous les terminaux reliés aux équipements réseau concernés.
Interpellé quant à son mutisme, fustigé pour l’absence d’un système d’alertes de sécurité et le non-déploiement de correctifs, Huawei est également suspecté de collaboration avec le gouvernement chinois dans le cadre d’opérations d’espionnage d’Etat.
Entre vraies vulnérabilités, mouchards délibérément implantés et autres effets secondaires vecteurs de piratage, l’affaire aurait pu tourner à l’affrontement diplomatique.
Début août, Huawei a récusé ses accusations. Tout en reconnaissant des faiblesses dans ses routeurs.
Alertée, la Commission européenne avait elle aussi fait par de ses suspicions, recentrant néanmoins son propos sur un tout autre axe : un probable dumping économique de la zone euro.
Outre-Atlantique, les sénateurs Mike Rogers (républicain, Etat du Michigan) et Dutch Ruppersberger (démocrate, Etat du Maryland) ont plus récemment incité les entreprises à « chercher un autre fournisseur« .
« Surtout si elles tiennent à leur propriété intellectuelle, à la vie privée des consommateurs et à la sécurité nationale des Etats-Unis« , ont ajouté les deux élus.
Aujourd’hui deuxième mondial sur le segment des équipements télécoms derrière le Suédois Ericsson, Huawei trouve sa croissance à l’extérieur du marché chinois et développe depuis près de trois ans son offre en entreprise.
Confronté à cette fronde des Etats-Unis, l’équipementier chinois évoque des mesures de protectionnisme à son encontre.
L’affaire a trouvé un écho jusqu’en France, avec le rapport du sénateur Jean-Marie Bockel (Union centriste et républicaine, ex-secrétaire d’État à la Défense), qui préconise d’interdire les équipements Huawei et ZTE dans les coeurs de réseaux.
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