RSF : des « ennemis de l’Internet » partout dans le monde, y compris en France
Journée mondiale contre la cyber-censure : Reporters sans frontières pointe du doigt 32 institutions d’Etat. La France se distingue avec l’article 20 de la loi PLM.
En organisant sa Journée mondiale contre la cyber-censure, Reporters sans frontières publie l’édition 2014 de son rapport « Ennemis d’Internet« .
Quelles sont les institutions qui mettent en oeuvre la répression en ligne et les atteintes technologiques à la liberté de l’information ? On trouve les grands classiques d’autorités nationales qui restreignent la liberté d’expression ou pratiquent la censure comme l’Autorité des Télécommunications (Pakistan), le FSB (Russie), le Centre opérationnel et analytique (Bélarus), le Ministère de l’Information et des Communications (Vietnam) ou le Bureau d’Etat de l’information sur Internet (Chine). Un bouquet composé de 32 institutions éparpillées dans le monde avec leurs méfaits égrenées dans le rapport disponible en ligne.
Mais, en raison des révélations d’Edward Snowden sur la cyber-surveillance généralisée, certains pays démocratiques en prennent pour leur grade. Evidemment, les pratiques de la NSA aux États- Unis et du GCHQ au Royaume-Uni sont dénoncées. « La NSA et le GCHQ ont espionné les communications de plusieurs millions de citoyens, dont de nombreux journalistes, introduit sciemment des failles de sécurité dans les matériels servant à acheminer les requêtes sur Internet et piraté le cœur même du réseau dans le cadre des programmes Quantum Insert pour la NSA et Tempora pour le GCHQ », peut-on lire dans le rapport de l’organisation qui milite pour la liberté de la presse dans le monde (et pour la liberté d’expression sur le Web par extension).
En 2014, RSF a rajouté dans sa liste « des dealers de la surveillance », c’est-à-dire des salons qui mettent en relations des entreprises spécialisées dans la surveillance et la censure avec des régimes autoritaires. Parmi les plus connus et les plus néfastes : ISS World, Milipol (France) et Technology against Crime.
Article 20 – Loi PLM : voté à la hussarde selon RSF
Difficile de ne relever ce paragraphe concernant la France et la loi de programmation militaire et son fameux article 20 qui continue à faire jazzer. Par ce biais, la surveillance des communications téléphoniques et Internet en temps réel, sans intervention d’un juge, est autorisée à partir de motifs aussi vastes qu’évasif (« recherche de renseignements intéressant la sécurité nationale » à « la sauvegarde des éléments essentiel du potentiel économique de la France », sans oublier « la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupements dissous »).
Au-delà de la protestation, Reporters sans frontières livre une série de recommandations à destination des États et des institutions internationales « afin de mettre un terme aux dérives sécuritaires et paranoïaques observées depuis plusieurs années ». Une cartographie interactive est également disponible sur l’espace réservé à ce rapport sur le site Web de l’association.
Une action militante à rapprocher de la date anniversaire du Web (25 ans) avec Tim Berners-Lee, que l’on considère comme le père du Web, qui appelle à une « Déclaration des droits pour le Web ».
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