Pionnier du tirage en ligne de photos numériques, Photoways vient d’effectuer une levée de fonds de 10 millions d’euros, ce qui a donné lieu à un réaménagement du capital. Cet apport d’argent frais va surtout servir à développer un service « Photoways 2.0 » plus collaboratif. Stanislas Laurent, CEO de Photoways, précise les contours de ce nouveau tour de table qui devient rare dans ce secteur marqué par une forte concurrence.
Vnunet.fr : On recense sept levées de fonds depuis la création de Photoways.com en 1999. Comment expliquez-vous la nécessité à nouveau des fonds ?
Stanislas Laurent : Je crois que la seule perception par les montants des fonds levés est trompeuse. Cela fait un an que je suis au poste au PDG de Photoways. Depuis ma prise de fonction, je peux vous assurer que nous n’avons guère consommé de cash. Alors que le business se développe de manière remarquable. Les premiers tours de tables réalisés par Photoways étaient minuscules. C’est la dernière levée de fonds [celle de 10 millions d’euros qui vient d’être annoncée, nldr] qui est réellement significative et qui a permis des sociétés de capital-risque de prendre une vraie position. En juillet 2005, Photoways a annoncé un tour de table de 24 millions d’euros. Mais, au bout du compte, moins de 50 % du montant initial sont réellement entrés dans les caisses de la société. Une grande partie des fonds a servi à des opérations de rachats de parts d’actionnaires existants. Les fonds levés en 2005 ont servi à développer les outils industriels pour faire face à la croissance de ses volumes et à alimenter sa croissance sur les marchés étrangers. Il y a eu un investissement important dans un laboratoire professionnel avec des tireuses photos à grande vitesse installé à Sartrouville.
Peut-on avoir une idée de la nouvelle répartition du capital de la société ?
Nous ne communiquons pas la répartition exacte. Mais les trois fonds investis sur cette dernière levée disposent de la majorité du capital de la société. Le reste est détenu en partie par des dirigeants et par des investisseurs privés [A cette occasion, Michel de Guilhermier, fondateur de Photoways, a annoncé sur son blog qu’il avait cédé toutes ses parts restantes, ndlr].
Comment comptez-vous utiliser les fonds que vous venez de recueillir ?
Nous nous retrouvons en partie devant la même problématique. Face à la croissance de nos volumes, nous devons adapter notre capacité de production. L’essentiel de nos projets tourne sur l’extension de nos services. Nous voulons accélérer le lancement de nouveaux produits dans le domaine du partage des photos et libérer le potentiel de création en ligne de nos clients. Ce sont des investissements dans les plates-formes et dans l’innovation produits que nous prévoyons de réaliser. Ces derniers mois, nous avons lancé un pêle-mêle qui permet de placer plusieurs photos sur un grand poster mais aussi des cahiers photos personnalisés avec différents formats. Nous allons continuer dans cette voie et dépasser le positionnement historique d’acteur du tirage en ligne de photos numériques.
Vous annoncez quatre millions de membres Photoways. Peut-on les considérer comme des clients ?
Non. Nous appelons membre une personne enregistrée sur notre service. Elle utilise au minimum les fonctions d’upload de photos ou de partage de photos en ligne. Mais ce ne sont pas forcément des clients ayant acheté des produits. On ne communique pas sur la proportion réelle de clients.
Quand escomptez-vous atteindre la rentabilité ?
Nous ne divulguons pas de prévisions. En 2006, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros l’an dernier, en hausse de 50 % sur un an. Nos activités n’avaient pas atteint le seuil de la rentabilité. Mais les derniers développements sont vraiment encourageants. Au cours des 24 derniers mois, Photoways.com s’est transformé en un service grand public et nous sommes convaincus que notre business model est intrinsèquement profitable.
Vous êtes présents dans quinze pays. Quels sont vos marchés phares ?
La majorité de notre chiffre d’affaires est réalisée à partir de la France et l’Angleterre. Sur ses deux principaux marchés, nous disposons d’une position solide. Nous pensons disposer d’une part de marché de 25 % sur chacun d’entre eux. En France, nous nous trouvons en forte concurrence avec MyPix ou Photovista. La dernière levée de fonds nous donne l’occasion de réfléchir sur la manière d’étendre notre influence dans d’autres pays. Notre secteur d’activité est extrêmement fragmenté. En France, on recense une cinquantaine de services de tirages en ligne de photos numériques. En Allemagne, il y en a 200. Il y a beaucoup d’acteurs locaux avec quelques intervenants paneuropéens. On devrait assister à une vague importante de concentration.
Les vacances d’été sont synonymes de montée en charge pour Photoways (avec le tirage des photos souvenir sur la plage). Peut-on avoir une idée du volume de photos numériques que vous allez traitez ?
L’an dernier, nous traitions régulièrement plus d’un million de photos uploadées par jour sur notre site, tous pays confondus. Pour la cuvée 2007, je ne serais pas surpris que, certaines journées, l’on prenne en charge 1,5 voire 2 millions de photos. Nous sommes sur le pont à partir du 15 août. Nous disposons de 220 salariés chez Photoways (entre France et Angleterre) mais on peut monter à 350 personnes compte tenu des variations saisonnières.
Vnunet.fr : J’imagine que vous regardez avec intérêt la vague de start-up « Web 2.0 » orientées vers le partage de photos. Seriez-vous tenté d’intégrer les fonctionnalités qu’elles développent pour enrichir les activités de Photoways ?
Stanislas Laurent : c’est vrai que ce sont deux mondes qui cohabitent et qui vont apprendre à se parler. Nous avons tout intérêt à développer les passerelles et favoriser les intégrations de services.
(Interview réalisée le 26 juillet 2007.)
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