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Safari chasse sur les terres d’Internet Explorer

Parmi ses surprises, Steve Jobs, le 7 janvier 2002 dernier, présenta Safari. Un vrai pavé dans la mare ! Nouveau navigateur Internet appelé à concurrencer l’Internet Explorer de Microsoft, Safari se veut plus rapide que les autres outils. Il faut dire que, dans le monde Mac, les navigateurs s’avèrent généralement plus lents que sur PC, exception faite de Chimera, encore en version bêta, qui s’améliore de jour en jour et affiche une rapidité déjà impressionnante. On doit Safari à une équipe de spécialistes de l’exploration Web – une dream team – embauchée par Apple et issue des nombreux projets Open Source. Cette équipe travaille sur le sujet depuis plus d’un an : Don Melton, l’un des instigateurs de Mozilla, en est le moteur, épaulé par David Hyatt, créateur de Chimera et inventeur du XBL, de Darin Adler, ancien responsable du projet Nautilus (un gestionnaire de fichiers), de Maciej Stachowiak, John Sullivan et Ken Kocienda, tous trois vétérans du projet Eazel, au même titre d’ailleurs que Darin Adler et Don Melton. Autant dire qu’Apple n’a pas lésiné ! Côté moyens, il faut savoir que le coeur de Safari est directement originaire d’un projet Open Source, Konqueror, un navigateur basé sur KHTML et KJS, répondant aux spécifications HTML 4, supportant les applets Java, les CSS 1 et 2, ainsi que les plug-ins de type Netscape. Pourquoi Konqueror plutôt qu’un autre projet Open Source, comme Mozilla ? Don Melton, dans un e-mail envoyé à l’équipe de développement de Konqueror, explique son choix : « La taille de votre code source en faisait le meilleur choix au sein des différents projets Open Source. Elle nous a permis d’assurer des temps de démarrage très courts, comme vous le constaterez en consultant [sur le site d’Apple, Ndlr] les résultats obtenus. La conception, très propre, a également milité en sa faveur. » La version retenue, forte de 140 000 lignes de code, a été totalement remaniée par l’équipe de Safari et la chasse aux imperfections a engendré pas loin de 250 modifications du code original !

Résultat  : un logiciel, distribué en version bêta, particulièrement réactif et performant pour une première version publique. Le look métallique des iApps d’Apple est respecté, tout comme la simplicité d’utilisation chère à Steve Jobs. Entre autres fonctionnalités, on trouve dans Safari : un champ dédié à Google, le plus utilisé des moteurs de recherche du Web, un très appréciable procédé de modification des noms de sites que l’on souhaite conserver en tant que favoris (vu la longueur des appellations adoptées par certaines pages Web, ce n’est pas du luxe), une bibliothèque de rangement desdits favoris dont la présentation est totalement conforme au style iApps, un bouton permettant un retour rapide à la première page visitée d’un site en cours de consultation et, enfin, une option de blocage des pop-up qui permet d’éviter les fenêtres de publicité sauvage, couplé à un gestionnaire de téléchargement capable de trier le bon grain de l’ivraie. Le fureteur ne pèse que 3 Mo, ce qui en fait l’un des navigateurs les plus légers du Web. « Il faut bien comprendre qu’il s’agit pour nous d’introduire également de nouvelles technologies de programmation, permettant de mettre à disposition des utilisateurs des applications modernes, plus compactes et plus véloces », nous a déclaré Jean-René Cazeneuve à l’occasion de la présentation du logiciel. « Et Safari démontre à ceux qui en doutaient encore à quel point Apple se trouve impliquée auprès de la communauté Open Source« . Les sources de Safari, issues de Konqueror, ont en effet été rendues publiques, elles devraient permettre à la communauté de faire rapidement progresser l’application.

Quelques défauts de jeunesse

Safari n’est pourtant pas exempt de défauts : certains lui reprochent notamment de ne pas utiliser la navigation par onglets qui permet d’ouvrir plusieurs pages dans une seule fenêtre. D’autres, comme MacOsRumors, s’interrogent sur ses performances réelles et ses capacités à faire aussi bien que Chimera lors de l’extraction des données fournies et/ou de leur affichage. Et de se demander s’il sera un jour permis de choisir un autre site de recherche, en lieu et place de Google. Tous font bien de se montrer critiques : l’équipe de développement est plus que jamais à l’écoute. Elle chasse les bogues autant qu’elle réunit les requêtes et les remarques concernant son bébé, son avenir restant ouvert à toute évolution en mesure de l’améliorer de façon significative. Une nouvelle version de la bêta (estampillée 1.0 v.51) a d’ailleurs d’ores et déjà été publiée. Elle corrige certains sérieux problèmes  : dans certaines et rares circonstances, la première bêta (v.48) détruisait en effet un lien symbolique, empêchant pour le coup le lancement de Classic et du partage de fichiers, la gravure, les impressions et les procédures de mise à jour automatique. Safari, en tout cas, est sur de bons rails : le logiciel, pourtant toujours en test, a été téléchargé 300 000 fois en 24 heures, soit six fois plus qu’iTunes qui détenait le record jusqu’à présent (100 000 téléchargements en 48 heures). Dans la jungle des fureteurs, la chasse gardée d’Internet Explorer pourrait bien faire les frais de ce Safari !

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