SAP étudie des acquisitions ciblées
La révélation du projet avorté de fusion entre SAP et Microsoft est le signe que le secteur des applications de gestion entre dans une zone de turbulences. Pour SAP, aucune acquisition majeure n’est cependant à l’ordre du jour.
Forcé d’admettre, dans le cadre du procès opposant Oracle au ministère américain de la Justice, avoir mené des discussions avec Microsoft en vue d’une fusion, SAP a surpris tout le monde (voir édition du 8 juin 2004). Cet aveu a contribué à faire prendre conscience à ceux qui en doutaient encore que le secteur des progiciels de gestion est à la veille de bouleversements majeurs. Du coup, les projecteurs sont braqués sur l’éditeur allemand, troisième acteur mondial, et sur ses éventuelles velléités d’acquisitions. S’exprimant lors d’une réunion publique, Henning Kagermann, le patron de SAP, a en premier lieu confirmé que, selon lui, le marché des applications de gestion sera à terme restreint à quelques gros acteurs, autour desquels graviteront des éditeurs positionnés sur des niches technologiques. Crédité d’une part de marché de 54 % – contre 13 % pour Oracle et 11 % pour Peoplesoft, ses deux principaux concurrents – SAP a évidemment vocation à sortir vainqueur de ce mouvement de consolidation, et ceci dans sa configuration actuelle.
La menace des nouveaux entrants
Sans pour autant exclure de reconsidérer à l’avenir un rapprochement avec Microsoft, Henning Kagermann a ainsi déclaré au quotidien allemand Frankfürter Allgemeine Zeitung qu’il n’était pas à l’affût d’une grosse acquisition mais n’excluait pas cependant des acquisitions ciblées. « Nous sommes plus ouverts que nous ne l’étions il y a quatre ou cinq ans à de plus petites acquisitions, afin de nous renforcer dans un segment ou une technologie, ou dans un pays comme la Chine », a-t-il expliqué. Le problème pour SAP est qu’il est désormais évident que le marché dont il est le leader incontesté est convoité par de nouveaux entrants aux dents longues et aux poches bien remplies, à commencer par Microsoft dont la capitalisation boursière est cinq fois supérieure à celle de SAP. On parle également de l’arrivée imminente sur ce terrain d’IBM… D’où l’idée de fusionner avec Microsoft ? laquelle aurait donné naissance à un géant dominant de la tête et des épaules à la fois les applications pour le poste de travail et les applications de gestion – plutôt que de se lancer dans une périlleuse concurrence frontale.