La semaine dernière a été riche en rebondissements dans le procès qui oppose SCO, éditeur d’un Unix et ex-distributeur d’une suite Linux, à IBM. Un autre éditeur, Novell, s’est en effet invité dans cet imbroglio judiciaire, ce qui n’a pas manqué d’ajouter à la confusion. Rappelons que SCO affirme détenir droits à la propriété intellectuelle, brevets et autres copyright relatifs à Unix. Il reproche à IBM d’avoir utilisé abusivement ces droits au profit de Linux, contribuant, selon ses dires, à dégrader la valeur commerciale d’Unix (voir édition du 5 mai 2003). Il a d’autre part mis en garde les entreprises utilisatrices du système d’exploitation Open source sur le fait qu’elles sont dans l’illégalité et encourent d’éventuelles poursuites judiciaires (voir édition du 15 mai 2003). Mais voilà que Novell, qui a vendu les technologies Unix en question à SCO en 1995, conteste le fait que ce dernier détienne les droits qu’il revendique. Selon les dirigeants de Novell, l’accord de vente ne porterait en aucun cas sur la cession des droits associés, lesquels seraient donc toujours la propriété de Novell.
Capacité de nuisance
Le patron de Novell a par ailleurs demandé à SCO de publier les preuves de la contrefaçon, c’est à dire les portions de code de Linux qui seraient une copie manifeste d’Unix. En réponse, SCO a effectivement proposé à Novell et à certains analystes de venir constater ses « preuves » contre la signature de clauses de confidentialité. Des clauses tellement strictes que tous ont décliné la proposition? Comme si cela ne suffisait pas, une association de pro-Linux menace de poursuivre SCO devant les tribunaux allemands… Bref, tout le monde attaque tout le monde et, en attendant l’issue de ces diverses procédures, l’adoption de Linux par les entreprises risque fort d’en pâtir. Le cabinet d’études Gartner Group leur recommande même de limiter l’utilisation de Linux pour des applications critiques, jusqu’à ce que l’imbroglio judiciaire soit clarifié. D’une façon générale, Gartner préconise désormais de faire expertiser d’un point de vue juridique tout projet informatique basé sur Linux ou tout autre logiciel libre. Finalement, le mieux pour tout le monde serait qu’IBM rachète SCO et mette un terme à ce conflit. Cette issue est d’ailleurs ouvertement envisagée par les dirigeants de SCO. Pour négocier au mieux leur rachat, ils ont choisi une bien curieuse stratégie : faire la démonstration de leur pouvoir de nuisance. Reste à savoir si cette stratégie s’avérera efficace. Et, le cas échéant, souhaitons qu’elle ne fasse pas école…
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