SCO menace les utilisateurs de Linux
« Si vous utilisez Linux, sachez que vous êtes dans l’illégalité. » C’est en substance l’avertissement que SCO Group, détenteur de brevets sur Unix, a envoyé à quelque 1 500 grandes entreprises…
Nouvel épisode dans l’offensive judiciaire menée par SCO Group, distributeur d’une suite Linux et éditeur d’un Unix propriétaire, afin de faire reconnaître que les droits à la propriété intellectuelle qu’il détient sur Unix ont été abusivement utilisés dans le cadre du développement de Linux. Après avoir intenté un procès sur ce thème à IBM, lui réclamant plus d’un milliard de dollars de dommages et intérêts (voir édition du 5 mai 2003), SCO vient en effet d’envoyer une lettre aux 1 500 plus grandes entreprises mondiales afin de les informer que, dans le cas où elles utilisent Linux, ce dernier est « un dérivé non autorisé » d’Unix qui viole par conséquent ses droits à la propriété intellectuelle. L’utilisation de Linux les mettrait donc en situation de faire l’objet de poursuites judiciaires.
Des motivations inavouables ?
Il est certain que la décision de SCO est un mauvais coup porté à Linux et plus généralement au mouvement du logiciel libre. Il est possible que les entreprises soient tentées de s’en détourner afin de ne pas risquer de se retrouver dans l’illégalité. La question se pose également quant aux motivations profondes de SCO : alors que l’éditeur semblait vouloir bâtir son avenir autour de Linux après l’acquisition du distributeur Caldera, voilà qu’il se tire une balle dans le pied en décrédibilisant Linux. Il a du reste cessé de distribuer sa suite Linux. Il est vrai qu’il était dans une position périlleuse puisque d’un côté il distribuait une suite Linux sans réclamer de royalties et de l’autre il revendique désormais des droits à la propriété intellectuelle sur Linux. Pour certains observateurs, SCO ,n’ayant pas réussi à construire une activité Linux rentable, n’est plus du tout dans l’optique de se développer en tant qu’éditeur. S’il met désormais en avant sa capacité de nuisance plutôt que son aptitude à répondre aux besoins des entreprises, c’est dans le but de négocier son rachat au mieux. Et d’évoquer IBM comme possible acquéreur. De fait, depuis le début de son action judiciaire, le cours de l’action de SCO a plus que doublé.