ITespresso.fr : Photobox a été créé en 1999 sous la marque Photoways. Quel bilan tirez vous de ces 15 années d’activité ?
Sébastien Rohart : Excellent ! Malgré les cassandres qui nous annoncaient un destin à la Kodak, nous avons réussi notre pari en faisant de PhotoBox le numéro un européen de l’impression photo grand public. Les premières années de croissance ont été réalisée sous la direction de Michel de Guilhermer et j’ai rejoint l’aventure PhotoBox en 2007, avec Stan LAURENT, à l’occasion d’un changement d’actionnaires.
Depuis cette année, notre chiffre d’affaires a quadruplé et dépasse désormais les 200 millions d’euros. Notre rentabilité est à deux chiffres et nous sommes probablement parmi les acteurs du e-commerce les mieux placés à l’international, avec une couverture de près de 20 pays, en Europe bien sûr mais également désormais au Canada ou en Australie.
ITespresso.fr : Comment avez-vous réussi à croitre sur un marché aussi violemment « disrupté » par le numérique ?
Sébastien Rohart : Les ruptures de ce type sont des menaces pour les grands groupes mais également des opportunités pour les jeunes entreprises.
Au début des années 2000, Photoways s’est positionné sur le développement photo low cost comme beaucoup d’autres concurrents. Mais nous avons su très tôt tirer profit de nouvelles imprimantes, les fameuses Indigo rachetées ensuite par HP, pour proposer des produits innovants et de très grande qualité en toute petite série.
Ces investissements, paradoxalement hors de portée des studios photo traditionnels, nous ont permis de remonter en gamme. Nous proposons toujours des tirages photo, mais l’essentiel de notre croissance et de nos marges se fait désormais sur des produits plus complexes comme les calendriers ou les livres photos, de beaux objets qui revalorisent la photographie.
ITespresso.fr : Certaines entreprises positionnées sur le même segment n’ont toutefois pas connu le même succès…
Sébastien Rohart – Photobox a certainement su faire évoluer très tôt son outil de production. Nous disposons de plusieurs usines et d’ouvriers spécialisés, capables de répondre très rapidement aux demandes d’innovation du marché.
L’autres secret du groupe, c’est de s’être constitué une incroyable base de données de 30 millions de membres, avec des clients qui sont le plus souvent des clientes et plus particulièrement des mamans, gardiennes de la mémoire familiale. Nous accompagnons ces « Chief Memory Officer » tout au long des grands moments de leur vie : mariage, naissance, vacances, etc…
ITespresso.fr : omment appréhendez vous le succès d’Instragram et l’engouement de la photo sur smartphone ?
Sébastien Rohart : Comme beaucoup de e-commerçants, le mobile est aujourd’hui l’un de nos principaux casses-têtes. Nous devons gérer une multitude d’environnements logiciels (Android, iOS, Windows Phone, …) ou de formats d’écrans différents (tablette, smartphone, …), sans oublier de nouveaux outils de tracking ou de paiement
Mais le mobile est également une opportunité puisque cet outil contribue à la démocratisation de la photographie numérique. Nous laissons volontiers la photo instantanée à des plates-formes éphémères comme SnapChat, et nous préférons nous concentrer sur la photo émotionnelle. Vous pouvez par exemple imprimer vos plus belles photos Instagram sur PhotoBox et nous venons de lancer, via notre marque dédiée Sticky9, un nouveau format qui consiste à les transformer en magnet pour réfrigérateur. Ce produit remporte beaucoup de succès !
ITespressofr : Pourriez-vous élargir votre business model au marché de l’impression 3D ?
Sébastien Rohart- Notre cœur de métier, c’est de pouvoir fabriquer dans nos usines des produits en toute petite série ce qui nous rend très proche de l’impression 3D même si nos machines sont aujourd’hui très différentes. Nous pensons que le grand public n’est pas encore prêt mais nous regardons attentivement ce que font des acteurs comme Sculpteo, dans l’univers des coques pour smartphones par exemple.
ITespresso.fr : Vous disposez de très nombreuses informations sur vos membres. Réfléchissez vous à de nouveaux business models ?
Sébastien Rohart : Nous disposons effectivement d’une très belle base de données de près de 30 millions de membres. Et gràce aux 5 millions de photos, téléchargées chaque jour par nos membres, nous avons également accès aux fichiers EXIF, associés à chaque photo, avec des données telles que la date, la localisation voire parfois les personnes présentes sur la photo quand la reconnaissance des visages fonctionne.
Nous ne souhaitons pas exploiter ces données pour faire du marketing direct par exemple, mais nous sommes capables d’adapter nos offres, selon que l’on identifie une maman « organisée, qui poste une photo quelques jours après sa capture, et une maman « débordée », qui poste plusieurs centaines de photos, plusieurs mois voire années après les avoir prises.
C’est cette analyse fine des profils de nos membres, reposant sur des technologies big data, qui nous permet désormais d’améliorer les taux de conversion ou le panier moyen de nos membres.
ITespresso.fr : Votre société est rentable et en croissance. Quelle est la prochaine étape ? Fusionner avec le leader mondial ? Entrer en bourse ?
Sébastien Rohart : A ma connaissance, le leader mondial est à vendre mais nous ne sommes pas en mesure de le racheter même si PhotoBox a vocation à adresser un jour le marché américain. Pour le moment, nous multiplions les acquisitions ciblées grâce au soutien de nos banques, qui nous apportent des lignes de crédit avec la ferme intention de doubler notre part de marché en Europe.
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