Sécurité IT : les routeurs de ZTE et Huawei sont-ils bourrés de failles ?
Des experts en sécurité IT ont relevé la présence de vulnérabilités dans les routeurs distribués par les chinois Huawei et ZTE aux particuliers et aux entreprises.
Interdire l’utilisation des routeurs chinois
Plus près de nous, le rapport de Jean-Marie Bockel (Union centriste et ancien secrétaire d’État à la Défense), adopté le 18 juillet par la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, met en cause l’utilisation des solutions venues de l’Empire du Milieu.
La recommandation n° 44 (priorité n° 10) du rapport baptisé La cyberdéfense : un enjeu mondial, une priorité nationale préconise d’ »interdire sur le territoire national et européen le déploiement et l’utilisation de “routeurs” ou d’équipements de cœur de réseaux qui présentent un risque pour la sécurité nationale, en particulier les “routeurs” ou d’autres équipements informatiques d’origine chinoise ». Pas moins.
Autrement dit, les matériels réseaux de Huawei mais aussi ceux de son concurrent ZTE, même si les deux équipementiers ne sont pas directement nommés.
Pour des raisons de sécurité (l’évocation de la présence de mouchard revenant régulièrement sur le tapis) plus que de protectionnisme économique, se défend l’auteur du rapport.
Il n’en reste pas moins que les équipementiers chinois n’ont cessé, ces dernières années, de tailler des croupières dans les parts de marchés de leurs concurrents occidentaux, Alcatel-Lucent en premier lieu, notamment sur les réseaux mobiles.
Vers l’incident diplomatique ?
Des accusations dont se défendent les intéressés. Dans une interview commune accordée au Point.fr, François Quentin, président du conseil d’administration de Huawei France, regrette de n’avoir pas été auditionné et garantit « que nos produits ne comportent rien qui ne soit pas précisé dans leurs caractéristiques ».
Lin Cheng, son homologue chez ZTE, rappelle que « si l’on prend le cas d’une attaque visiblement venue de Chine ces derniers mois, elle a eu lieu via des routeurs Cisco. Alors, je ne vois pas en quoi supprimer des routeurs chinois changerait la donne ».
Il n’en reste pas moins qu’un tel rapport, s’il est appliqué à la lettre, pourrait être considéré comme une mesure de protectionnisme par les autorités chinoises. François Quentin met notamment en avant « les inquiétudes […] fondées sur des suspicions non fondées, probablement évoquées par certaines personnes auditionnées. Y compris celles qui ont des intérêts financiers… ».
Tandis que Lin Cheng rappelle que « nous sommes une entreprise et nous ne représentons pas le gouvernement chinois. […] Il serait tout à fait normal que, si un pays comme la France prenait une telle mesure, la Chine demande des explications ». Se dirige-t-on vers un incident diplomatique ?
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