Tour à tour, Patrick Drahi et Michel Combes avaient mis l’opinion publique et les élus au parfum du plan social qui se prépare chez SFR.
Préférant évoquer une réorganisation « nécessaire » de ses activités, l’opérateur a finalement dévoilé ses intentions : ramener ses effectifs à 9 000 personnes d’ici à fin 2017. C’est-à-dire supprimer plus de 5 000 postes, au regard des 14 300 CDI que compte l’entreprise.
L’information a été communiquée mardi 26 juillet aux organisations syndicales dans le cadre d’une réunion avec la DRH Florence Cauvet.
D’après Le Monde, SFR souhaiterait procéder, dans un premier temps, à un rapprochement des filiales de distribution, au moyen d’un plan de départs volontaires. La direction estimerait en effet que les 3 900 personnes travaillant dans ses magasins ne sont pas concernées par l’engagement de maintien de l’emploi signé avec le gouvernement.
Cet engagement avec les pouvoirs publics, Patrick Drahi l’avait pris lors de l’annonce de la cession définitive de SFR à Numericable – qu’il contrôle via sa holding Altice. Le tout pour trois ans, avec une échéance au 30 juin 2017.
L’opérateur assure qu’il respectera cette obligation, non sans ajouter que des réunions de travail ont lieu « depuis plusieurs mois » pour préparer le terrain.
Selon France Info, les syndicats ont tenté de conditionner la restructuration des boutiques à la signature d’un accord social global qui inclurait les suppressions d’effectifs de 2017. Dans ce cadre, la direction s’engagerait à ne pas descendre sous le seuil des 10 000 employés avant 2019, les départs se faisant sur la base du volontariat.
L’inquiétude monte aussi chez les prestataires de SFR, à l’image des centres d’appel, où 3 000 emplois seraient menacés, à en croire Silicon.fr. Celui situé à Tulle, fief de François Hollande, ne serait pas épargné.
La première salve avait été lancée le mois dernier depuis les États-Unis. À l’heure où Altice finalisait l’acquisition de Cablevision pour 17 milliards de dollars, Patrick Drahi avait déclaré que SFR comptait « trop de salariés ».
Sans évoquer un plan social, il avait affirmé : « On est quand même dans une situation, en France, où tous nos concurrents ont licencié à tour de bras et nous, on a pris une garantie sur trois ans à un moment où on vend à 1 euro par mois des abonnements. Cela n’a ni queue ni tête ». À notre connaissance, Bouygues Telecom a effectivement lancé un PSE il y a deux ans, mais nous n’avons pas le souvenir de pratiques similaires chez Free ou Orange, bien que ce dernier ait réduit ses effectifs ces derniers mois, par le non-renouvellement d’un départ à la retraite sur deux.
Michel Combes avait enfoncé le clou lors d’une audition à l’Assemblée nationale, précisant que les salariés de SFR allaient « devoir s’adapter » face à la « rigidité » actuelle de l’opérateur : SI multiples, organisation en silos, redondances sur les fonctions, notamment dans le support, etc.
Depuis le rapprochement entre Numericable et SFR, les syndicats n’ont cessé de mettre en cause les méthodes de gestion musclées des équipes d’Altice. Et de dénoncer de nombreux départs « volontaires » non renouvelés (plus d’un millier).
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