SFR : une année de transition en attendant une autre consolidation
La publication des résultats 2015 de SFR est tombée sur fond d’accord « proche » entre Orange et Bouygues Telecoms. Des destins d’opérateurs qui s’entremêlent.
Marié avec Numericable, SFR scrute avec attention le rapprochement Orange-Bouygues Telecom. Un deal global à 10 milliards qui devrait être bouclé d’ici la fin du mois.
De manière indirecte, le groupe télécoms présidé par Patrick Drahi (via Altice) serait partie prenante. Tout comme le quatrième acteur Iliad/Free d’ailleurs.
C’est résumé à la hache mais l’accord Orange – Bouygues Telecom (s’il est confirmé) qui se profile va redessiner le paysage télécoms en France.
Et l’Autorité de la concurrence va scrupuleusement examiner les enjeux d’équilibre de marché.
C’est peut-être prématuré mais SFR commence à cerner les actifs à partager du côté de Bouygues Telecom.
Selon Les Echos, Patrick Drahi serait prêt à mettre 4 milliards d’euros sur la table pour récupérer les clients fixes et mobiles de la filiale télécoms du groupe Bouygues.
Un joli lot de consolation pour le patron de SFR qui avait cherché à acquérir Bouygues Telecom dans le courant du printemps 2015. Mais il avait été raccompagné vers la sortie à l’époque…
De son côté, Le Figaro évoque un chèque de plus de trois milliards pour acquérir une partie du réseau mobile de Bouygues Telecom et des clients (les abonnés de l’offre B&You côté grand public et les clients pros).
SFR : les clients à reconquérir
Ce scénario digne d’un « partage de Yalta » dans le secteur des télécoms intervient sur fond de présentation des résultats financiers du groupe SFR.
Le groupe télécoms remonte la pente de la rentabilité mais il peine à repartir à l’offensive commerciale.
Si le chiffre d’affaires 2015 enregistre une baisse de 3,5% (11 milliards d’euros contre 11,4 milliards l’an passé), l’excédent brut d’exploitation (EBITDA ajusté) augmente de 20% à 3,9 milliards d’euros.
Alors qu’Eric Denoyer était aux commandes du groupe télécoms (en janvier 2016, il a été écarté de ses fonctions opérationnelles), des réductions de coûts importants ont été effectuées et cela devrait perdurer à « l’ère des 2 Michel » (Michel Combes et Michel Paulin récemment arrivé).
Le niveau d’endettement net demeure important : 14,4 milliards d’euros à fin 2015.
Tandis que le montant total des investissements dédiés aux réseaux nouvelle génération en 2015 se situait aux alentours de 1,85 milliard d’euros en (légère baisse de 2% par rapport à 2014). Mais l’effort devrait être accentué si SFR veut rester compétitif.
La réorganisation et la pleine exploitation opérationnelle du nouvel ensemble issu du rapprochement de Numericable et SFR (fin 2014) demandera du temps et cela ne va pas s’arranger avec la récupération d’éventuels actifs émanant de Bouygues Telecom…
Le point le plus préoccupant demeure la désertion d’une proportion non négligeable de la clientèle : 1,1 million de clients mobiles ont quitté SFR en 2015.
Sur fond de relance de la machine commerciale, on note une éclaircie au quatrième trimestre 2015 (« 140 000 gains de forfaits grand public par rapport à T3 » et 78 000 abonnés très haut débit acquis selon Reuters), il faudra confirmer l’élan.
L’indicateur le plus surprenant concerne l’adoption rapide du service de vidéo à la demande « maison » : Zive aurait dépassé la barre du million de clients alors que la plateforme SVoD avait été dévoilé le 10 novembre 2015.