Dernier round avant l’issue du match : SFR va-t-il tomber dans le giron du groupe Bouygues ou Numericable ? La perspective reste-t-elle vraiment indéterminée ? Le conseil de surveillance de Vivendi, qui s’ouvre aujourd’hui en fin de matinée, pourrait être décisif. Il devrait enclencher des négociations exclusives avec l’un des deux opérateurs en lice.
Mais Les Echos révèle que Numericable semble en bonne position pour remporter la mise. « Vivendi se serait prononcé hier soir en faveur de Numericable. L’Elysée tente de retourner la situation. »
Alors que le groupe Bouygues a mené une véritable guerre éclair pour monter un dossier solide, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a déclaré ce matin sur Europe 1 que l’avenir de SFR serait déjà scellé. « J’ai cru comprendre que les dirigeants de Vivendi ont décidé coûte que coûte de vendre SFR à Numericable. » Entre stratégie de communication, luttes d’influences et rapport de forces, il est difficile de savoir si l’affaire est vraiment dans le sac pour Numericable.
Des doutes subsistent sur l’issue de la procédure d’attribution : dans le but de décrocher SFR, le câblo-opérateur a surenchéri dans les derniers moments, tout comme son rival Bouygues. Selon Le Parisien, Patrick Drahi, Président de la holding Altice et principal actionnaire de Numericable, a également cherché à rassurer les autorités publiques en envoyant une lettre à Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ( ministre déléguée à l’Economie numérique) en multipliant des engagements portant sur l’emploi et l’investissement dans les réseaux. Quitte à stipuler des obligations dans ce sens en récupérant la licence SFR pour l’exploitation des fréquences.
Selon Les Echos, l’homme-clé sera Jean-René Fourtou, Président du conseil de surveillance de Vivendi : son « avis pèsera lourd dans la balance » et il a « à plusieurs reprises affiché en interne sa préférence pour Numericable », le candidat qui s’est manifesté le premier à la reprise de SFR.
Dans une interview accordée hier soir au quotidien économique et financier, Xavier Niel monte au créneau : « Si Bouygues l’emporte, la concurrence jouera ». L’enjeu est également important pour le groupe Iliad-Free : des négociations exclusives ont démarré avec Bouygues Telecom pour céder ses antennes mobiles et des fréquences. Une manière de gérer les effets collatéraux : si Bouygues obtient SFR, ce sera difficile à avaliser le rapprochement auprès des autorités de régulation (l’Autorité de la concurrence en premier lieu). Alors il faut donner des gages de bonne volonté pour « ré-équilibrer » la concurrence dans le secteur télécoms.
« Si Bouygues l’emporte, nous obtenons un réseau et des fréquences . Le marché dispose alors de trois opérateurs de réseau autonomes, sains financièrement et le plan fibre optique THD est dynamisé », déclare Xavier Niel. « L’objectif pour le marché et notamment le régulateur des télécoms, c’est d’avoir un bon équilibre entre les opérateurs. Ce sera le cas. Bien sûr, pour entretenir et maintenir au meilleur niveau notre nouveau réseau, il faudra que nous recrutions massivement. On pourrait augmenter nos effectifs de près de 1000 personnes. »
De son côté, OVH se montre vigilant pour d’autres raisons. Le rachat de SFR par Bouygues pourrait avoir un impact sur » les règles d’accessibilité au marché de l’ADSL ». Octave Klaba, Directeur général du groupe OVH, explique : « L’acquéreur de SFR aura accès au plus gros parc de NRA ainsi qu’au réseau fibré qui permet le dégroupage (…) Dans le contexte de la guerre des prix sur l’ADSL lancée par Martin Bouygues, le rachat de SFR par Bouygues Télécom serait de nature à redistribuer les cartes. Celui-ci pourra en effet cadenasser le marché à son profit en jouant soit sur les tarifs de la collecte, soit sur celui de la revente de la fibre technique rendant la concurrence impossible pour les opérateurs alternatifs. »
Tout en poursuivant son argumentation : « Cela concerne les offres d’ADSL grand public comme celles à destination des professionnels, un secteur sur lequel OVH est un des principaux acteurs et concurrents de Bouygues Télécom et son offre Bbox Pro. »
On n’a pas fini de mesurer les incidences sur le marché en fonction du choix du repreneur de SFR opéré par Vivendi.
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