SGI se met à l’heure de Linux
Constructeur de serveurs haut de gamme, SGI se rallie à Linux avec une gamme de serveurs pouvant être reliés en clusters. SGI met en avant une innovation technologique, issue de son Unix propriétaire, qui permet de transformer le cluster en véritable supercalculateur. Après l’engagement d’IBM dans Linux, les autres fournisseurs de systèmes Unix ont-ils d’autre choix que de le suivre dans cette voie ?
Le constructeur Silicon Graphics Inc. (SGI) se rallie à Linux avec le lancement d’Altix 3000, une ligne de serveurs haut de gamme capables de recevoir jusqu’à 64 processeurs Itanium 2 d’Intel. Les serveurs Altix sont l’équivalent pour Linux d’une autre gamme de serveurs de SGI, Origin, laquelle intègre des processeurs MIPS conçus par SGI et équipés d’Irix, son Unix propriétaire.
Les serveurs Altix fonctionnent avec une distribution Linux de base mais SGI recommande d’en utiliser une version complétée par des fonctionnalités de son cru, récupérées en fait d’Irix. Celles-ci permettent de relier les serveurs en grappes ou clusters. Il s’agit notamment de Numalink, technologie d’interconnexion des noeuds et de partage de la mémoire entre les processeurs. La mise en commun des ressources mémoire se traduit par une réduction du temps d’accès aux données. Du coup, la performance de l’ensemble s’en ressent positivement, le cluster se comportant véritablement comme un supercalculateur intégré. Aux dires de SGI, ce plus technologique lui permet de se distinguer de ses principaux concurrents proposant des clusters de serveurs sous Linux, en particulier IBM, en affichant des performances supérieures. A la fin 2003, il sera possible de relier huit noeuds, soit 512 processeurs au total. L’an prochain, c’est la puissance de 1 000 processeurs qui pourra ainsi être conjuguée.
Avantages et inconvénients
On le voit, les Unix propriétaires ont encore l’avantage sur Linux lorsqu’il s’agit d’assurer des prestations complexes. Mais nul doute que l’écart se réduira un peu plus avec la prochaine version du noyau Linux, qui devrait intégrer des caractéristiques haut de gamme comme un gestionnaire d’horloge distribué ou un système de gestion de fichiers en cluster. Pour les constructeurs, c’est d’un côté un avantage, en particulier d’ordre financier car le ralliement à Linux leur épargne des investissements R&D pour maintenir leur Unix. Mais de l’autre, c’est un inconvénient car ils perdent un facteur de différenciation et surtout de captation d’une clientèle. Du reste, si SGI se rallie à Linux, c’est sous la pression de son principal concurrent, IBM, qui a tracé la voie et impose aux challengers de s’engager dans son sillage. Par ailleurs, SGI subit sans nul doute également la pression de ses clients, qui sont souvent des organismes publics (centres de recherche, universités…) où Linux est très populaire, car il leur permet de s’affranchir d’un système propriétaire. S’il fallait une preuve que le ralliement de SGI à Linux se fait un peu à contre coeur, c’est que sa première incursion dans le monde du libre avait porté non pas sur son coeur de métier ? les stations de travail ou les serveurs haut de gamme – mais sur des serveurs d’entrée de gamme. Il n’avait alors pas rencontré le succès face aux forteresses que sont Dell ou HP.