L’édition 2016 du salon SIDO s’est emparée du phénomène blockchain, du nom de cette technologie sécurisée de stockage et de transmission d’informations qui peut être assimilée à une immense base de données contenant l’historique de toutes les transactions depuis sa création.
Dans ses grands principes, elle fonctionne de manière décentralisée, tous les objets et personnes physiques peuvent y stocker des données, mais personne ne peut effacer ou falsifier des informations.
La monnaie virtuelle bitcoin, créée en 2008, a été la première blockchain mais depuis, d’autres sont apparues tel Ethereum. Alors, peut-on considérer la blockchain comme une véritable opportunité pour l’Internet des objets (IoT) ?
David Menga, ingénieur-chercheur à EDF Lab, compare une blockchain au protocole TCP/IP.
« Dans le domaine de l’IoT, la blockchain la plus connue est slock.it. Les VC ont investi 1 milliard de dollars en 2015 sur cette technologie de rupture, dont Goldman Sachs, Orange, Intel, Microsoft ou Samsung », explique-t-il.
« La blockchain va assurer la personnalisation réticulaire des applications et la sécurité des transactions. C’est l’association de la cryptographie et de la théorie des jeux. Elle mobilise les meilleurs chercheurs mondiaux. »
Le champ d’application d’une blockchain est immense : banque, finance, propriété intellectuelle, traçabilité, gestion très fine des droits d’auteur, transports et bien sûr l’Internet des objets.
« Elle se pose en challenger des plateformes de partage telles Uber, Airbnb, des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter », assure David Menga.
Et les applications potentielles peuvent être surprenantes. La gestion du cadastre non fiable pourrait être couverte par la blockchain. L’idée fait son chemin dans le monde. Sur le Web, on apprend que la start-up Bitland (distinguée par l’Observatoire Netexplo) dispose d’un projet de cadastre numérique au Ghana. On évoque aussi cette possibilité au Honduras (via Blockchain France)
De son côté, Yann Levreau, Développeur à Ethereum Foundation, rappelle que la première version d’Ethereum a été créée en juillet 2015. « Elle fonctionne aujourd’hui en ligne de commandes mais elle va évoluer vers une interface plus conviviale. Elle repose sur le principe des Smart Contracts qui permettent d’appeler des fonctions sans le contrôle d’une tierce partie. Il est possible de vérifier le mode de traitement des données ».
« L’internet des objets est sans doute l’avenir des blockchains comme Ethereum. La notion de tiers de confiance comme les banques, les notaires et autres tiers est mise à mal », enchaîne David Menga.
Alain Baritault, mentor et conseiller de Paris Pionnières (plateforme d’innovation des femmes entrepreneures), rappelle que les temps de transaction pour Bitcoin étaient de l’ordre de plusieurs minutes et qu’il ne s’agit que d’une application spécifique de la blockchain.
Ethereum ne peut encore traiter que quelques transactions par seconde alors que l’émetteur de cartes bancaires Visa en traite plusieurs dizaines de milliers par seconde. Mais les performances devraient s’améliorer progressivement.
Pour l’heure, les besoins en calcul d’une blockchain sont considérables, notamment liés au chiffrement et à l’authentification des données, ce qui entraîne des coûts très importants d’électricité.
Les attentes sont très fortes et les développements – notamment pour les blockchains de l’Internet des objets comme slock.it – doivent encore s’améliorer.
Vitalik Buterin, fondateur d’Ethereum, estime qu’il faudra 5 ans avant que les blockchains soient au point pour gérer des milliards d’utilisateurs et d’objets.
(Crédit photo : Brice Robert – Sido 2016)
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