C’est prédit par tous les cabinets d’études IT : plusieurs dizaines de milliards d’objets seraient connectés en 2020 dans les entreprises, les organisations ou tout simplement chez soi.
Mais, en réalité, les modèles économiques tardent à se mettre en place. Les raisons sont diverses : freins organisationnels, méthode de travail, les technologies à implémenter bien sûr mais aussi l’éthique.
Ces éléments ont été évoqués lors de la plénière du salon SIDO organisé à Lyon qui était centré sur le thème : « Demain, l’Internet des Objets… Allons plus loin ! »
« Les enjeux sont énormes et il ne faudrait pas que les entreprises connaissent ce que j’appelle le ‘moment Kodak’. A savoir ne pas adopter dans un délai raisonnable une technologie comme l’Internet des objets (IoT) ».
Le ton adopté par Xavier Dalloz, animateur de la conférence, est résolument volontariste sur l’avenir de l’objet connecté en réseau.
Invité au salon SIDO de Lyon, Shawn G. DuBravac, Chief economist et directeur des études de la Consumer Technology Association (CTA, organisatrice de l’électronique grand public aux Etats-Unis derrière lequel on retrouve le CES), pointe d’abord le nombre importante de start-up françaises innovantes présentes en janvier 2016 au salon mondial des nouvelles technologies de Las Vegas.
Apôtre résolu de l’IoT, Shawn G. DuBravac situe la vraie naissance de l’Internet des objets en 2007, lors de la sortie de l’iPhone d’Apple, doté d’un capteur gyroscopique.
Selon l’invité américain, le développement de l’IoT passe par 4 piliers principaux : omniprésence des périphériques connectés, abaissement constant du coût de stockage des données, connectivité et déploiement massif du haut débit fixe et mobile.
Enfin, la présence de milliards de capteurs qui donne sa valeur à l’Internet des objets. Et de citer tous ses usages domotiques jusqu’à la voiture autonome en insistant sur l’impact majeur sur la vie quotidienne et la vie en société de manière générale.
Frank M. Rinderknecht ne peut qu’approuver cette introduction. Le CEO et fondateur de Rinspeed Inc (constructeur suisse d’automobiles innovantes) a présenté au CES 2016 un modèle de voiture autonome.
Il insiste sur le fait que la notion de marque s’oppose aujourd’hui à l’expérience utilisateur qui doit être satisfaite et qui s’appuie aujourd’hui plus sur le partage que sur la possession.
D’un point de vue plus global, il pointe l’impact du monde des objets connectés sur l’organisation du travail et sur la démocratie.
Egalement invité à cette plénière, Emmanuel Schneider, Directeur des programmes « Digitization Acceleration » de Cisco France, parle « d’Internet du tout connecté » (concept marketing de « l’Internet of Everything » dans sa version originale). Considérant que le volet objets n’étant que la partie émergée de l’IoT.
Ainsi, le représentant de Cisco voit le futur technologique de l’IoT dans une association étroite avec les bases de données décentralisées des blockchains.
Alain Staron, Vice-Président Digital Offers de Veolia, cite une application concrète d’utilisation de l’IoT avec la remontée quotidienne d’informations à partir des compteurs d’eau pour déceler une fuite par exemple.
Pour Veolia, l’IoT n’est pas juste un changement d’usage mais son adoption aura des répercussions profondes dans les métiers et activités du groupe (gestion et traitement de l’eau, de la propreté, de l’énergie et des transports).
Alain Staron ne le cache pas. L’IoT aura également des conséquences négatives.
« Selon des sources américaines, 47% des emplois actuels seront supprimés ou devront se transformer dans les 10 ans à venir. Il faut modifier nos organisations », commente Alain Staron.
Une perspective que confirme Emmanuel Schneider côté Cisco. « Il y a un décalage entre l’introduction des technologies dans les entreprises et leur adoption réelle par le personnel et les clients. Nous avons mis en place des programmes de formation en interne, ce que font d’ailleurs tous les grands groupes. »
Au jeu des questions-réponses avec l’assistance, le doute est perceptible sur la mise en place effective de l’Internet des objets. « Aujourd’hui, l’IoT est en priorité un marché de l’offre et il n’y a pas de mass market pas plus que de vraie demande », signale à juste titre un participant.
Il y a encore du chemin à parcourir pour parler d’un véritable essor de l’IoT.
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