Silent Circle lève 50 millions de dollars : nouveau départ pour le Blackphone ?
En délicatesse sur le dossier Blackphone, du nom de son smartphone ultra-sécurisé, Silent Circle officialise un tour de table de 50 millions de dollars.
On comprend mieux pourquoi Silent Circle avait annoncé, le mois dernier, « une nouvelle ère de croissance sur le marché des communications sécurisées en entreprise ».
L’éditeur d’origine américaine venait de boucler un tour de table de 50 millions de dollars.
Cette opération, tout juste officialisée, est la troisième du genre (« Series C ») pour Silent Circle, qui avait déjà levé 30 millions de dollars en mai 2014 et 50 millions supplémentaires un an plus tard.
Le portefeuille d’investisseurs s’élargit avec l’arrivée du groupe bancaire Santander, qui rejoint le fonds Cain Capital et des business angels comme Ross Perot Jr (ancien de l’U.S. Air Force et fils du multimilliardaire Ross Perot) ou Peter Bonfield (ex-CEO de British Telecom).
Le blason Blackphone
On avait pu trouver trace de ce nouveau tour de table dans des documents de justice récemment publiés par la Cour suprême de l’État de New York dans le cadre d’un contentieux entre Silent Circle et le constructeur espagnol Geeksphone.
Les deux sociétés s’étaient associées fin 2013 pour développer le Blackphone*, qui devait constituer le prolongement hardware des solutions de sécurité mobile de Silent Circle.
Dans ce cadre, et en plein débat sur la confidentialité des communications électroniques après le scandale Snowden, l’éditeur avait relocalisé son siège social de l’île de Nevis (archipel des Caraïbes) vers la Suisse, où se trouve l’un de ses datacenters.
Mais la coentreprise avait tourné au vinaigre, minée entre autres par des accords de distribution bancals (voir notre article « L’aventure Blackphone tourne mal »).
Réinitialisation
Geeksphone avait fini par revendre ses parts à Silent Circle, qui a poursuivi en solo, orientant plus sensiblement sa proposition de valeur sur le monde de l’entreprise, sous la bannière « Enterprise Privacy Platform ».
Le Blackphone est l’un des briques – facultatives – de cette offre articulée autour du chiffrement intégral des données, des appels au partage de fichiers en passant par la messagerie. Le tout additionné d’une composante Silent Manager pour la gestion des terminaux… et de Silent World pour les communications avec des personnes n’utilisant pas l’Enterprise Privacy Platform.
Avec cette levée de fonds, Silent Circle entend développer ses produits, son marketing et son service client, mais aussi éponger ses dettes. On pourrait penser aux 5 millions de dollars que Geeksphone lui réclame dans le cadre de la rupture de la coentreprise. Mais il n’en est rien ; l’éditeur est formel : il n’est pas question de céder, comme le souligne TechCrunch.
Pour illustrer ses perspectives de croissance, Silent Circle fait référence aux estimations d’ABI Research : à l’horizon 2021, le marché mondial de la sécurité sur les terminaux mobiles représenterait 19 milliards de dollars, dont plus de 20 % tirés des solutions de protection de la voix et de la messagerie.
* La première version du Blackphone avait été présentée au Mobile World Congress 2014. La distribution avait débuté en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne via l’opérateur télécoms Royal KPN.
Crédit photo : Silent Circle