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La Silicon Valley se dresse contre le décret « anti-immigration » de Donald Trump

Tim Cook (Apple) qui cite Martin Luther King, Mark Zuckerberg (Facebook) qui rappelle les origines allemandes, autrichiennes et polonaises de ses arrière-grands-parents, Aaron Levie (Box) qui estime qu’on « ne peut pas laisser l’Amérique se refermer sur elle-même »… Des voix s’élèvent, dans le cénacle du numérique, contre le décret « anti-immigration » signé vendredi par Donald Trump au nom de la lutte antiterroriste.

Les autorités ont commencé, en application de la principale mesure du texte, à interdire l’entrée aux États-Unis pour les ressortissants de sept pays à majorité musulmane : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.

Plusieurs tribunaux saisis dans la foulée ont rendu des jugements à effet suspensif sur certaines dispositions du décret. Pour autant, la Maison Blanche affirme que son plan d’action n’est, dans l’état, pas remis en cause.

D’après Reuters, l’entrée ne sera pas refusée aux porteurs de la carte verte – qui feront toutefois l’objet de « contrôles plus poussés ». Il n’en va pas de même pour les détenteurs d’un visa non présents sur le sol américain au moment de l’entrée en vigueur du décret.

Google en recense, selon USA Today, près de 200 parmi ses employés. Tous ont immédiatement été invités à revenir aux U.S. sous l’impulsion du CEO Sundar Pichai, qui a par ailleurs annoncé la création d’un fonds humanitaire de 4 millions de dollars.

La structure sera financée pour moitié par le groupe Internet, le reste provenant de donations d’employés. Elle soutiendra quatre organisations : l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles), l’ILRC (Immigration Legal Resource Center), l’IRC (International Rescue Committee) et le Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies.

Stupeur et tremblements

Autre entreprise de la Silicon Valley à monter un fonds : Uber. La firme, qui estime qu’une dizaine de ses employés pourraient être concernés, entend débloquer 3 millions de dollars pour apporter une assistance juridique à ses chauffeurs non Américains travaillant aux États-Unis et qui séjournent actuellement à l’étranger.

Le concurrent Lyft a lui aussi pris un engagement financier : celui de donner, sur 4 ans, un million de dollars à l’ACLU pour défendre des libertés perçues comme « sérieusement menacées ».

Apple est sur la même ligne. Dans un e-mail adressé aux employés et consulté par Recode, le CEO Tim Cook affirme : « Ce n’est pas une politique qu nous soutenons ». Et d’assurer, tout en citant Martin Luther King (« On est peut-être venus sur différents bateaux, mais on est tous dans le même, désormais ») que les employés affectés ont été mis en contact avec les équipes juridique et RH.

Satya Nadella est sur la même ligne. Dans un mémo publié sur LinkedIn, le principal dirigeant de Microsoft évoque 76 employés concernés par le décret et martèle : « Les lois sur l’immigration peuvent et devraient protéger les individus sans sacrifier leur liberté d’expression ou de culte ».

LinkedIn, justement, annonce l’ouverture, aux États-Unis, de son programme « Welcome Talent ». Lancée en Suède il y a près d’un an, puis au Canada depuis octobre dernier, l’initiative est destinée à rapprocher les immigrants des entreprises. L’IRC est dans la boucle aux États-Unis.

Le fond et la forme

Le discours est plus ou moins engagé selon les personnalités de l’IT. Ainsi la véhémence de Mark Zuckerberg contraste-t-elle avec les propos mesurés d’Elon Musk (Tesla, SpaceX), qui déclare : « Ce n’est pas la meilleure façon de relever les défis auxquels le pays fait face ».

Amazon fait également dans la réserve. Le groupe de Jeff Bezos se focalise sur les recommandations à ses employés ressortissants étrangers : éviter au possible de quitter les États-Unis, même pour de courtes périodes et, à l’inverse, pour ceux qui travaillent hors du sol américain, éviter d’y entrer, au moins pendant le moratoire de 90 jours (reconductibles) qu’impose le décret.

La communication d’Intel est similaire à celle d’Amazon, tout du moins dans la forme : une courte annonce sur le blog corporate.

Certains préfèrent parler en leur nom, à l’image d’Andrew Houston (Dropbox), qui évoque une décision « indigne de l’Amérique ». Jack Dorsey (Twitter, Square) s’inscrit dans la même veine, quand Marc Benioff (Salesforce) déclare que sa société « surveille l’évolution de la loi […] pour pouvoir prendre les mesures adaptées ».

Du côté d’Airbnb, on a mis à jour la page Web relative au programme d’aide en cas de catastrophes. Destiné à apporter un hébergement sans frais aux populations sinistrées ainsi qu’aux travailleurs humanitaires, ledit programme constituera un levier pour offrir un toit à « tous ceux qui sont affectés par le récent décret anti-immigration qui interdit l’entrée aux États-Unis ».

On attend toujours une réaction de sociétés telles qu’IBM, Oracle et Dell, qui ont en commun de travailler avec le gouvernement américain.

Crédit photo : White House

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