La filiale française de Deutsche Telekom, Siris, annonce son retrait du marché de l’accès Internet dégroupé. Avec Colt, Kaptech, Easynet et FirstMark, Siris avait été parmi les premiers à avoir signé la convention sur le dégroupage avec France Télécom. Aujourd’hui, l’opérateur se rétracte après avoir effectué des tests sur Paris. Siris avance deux raisons et évoque un recentrage de T-Systems qui regroupe les communications d’entreprises (Siris) et les services informatiques (Soleri) dans les services. Il n’est donc plus question d’investir dans l’accès dégroupé, mais dans la délivrance de services sur le réseau à l’image de ce qu’il fait déjà comme l’IP VPN sur MPLS. Il est vrai aussi que la maison mère, Deutsche Telekom, affiche un endettement lourd de 67 milliards d’euros. Et d’après le Financial Times Deutschland, l’opérateur allemand envisagerait la suppression à court terme de jusqu’à 30 000 emplois afin de réduire ses coûts. Dans une telle situation, il semblait difficile au groupe d’investir dans la mise en place d’une offre propre.
D’autant que Siris évoque de nouveau une situation complexe avec l’opérateur historique. On se souvient que certains opérateurs avaient par le passé refusé de signer la convention sur le dégroupage avec France Télécom. Un refus purement formel pour 9 TeleCom et LDCom et définitif pour Cegetel. Ces opérateurs, relayés par l’AFORS (l’association des opérateurs alternatifs), demandaient en effet à France Télécom les mêmes conditions économiques et opérationnelles que l’opérateur s’octroie, à savoir des solutions pérennes, des tarifs réalistes, des procédures réellement opérationnelles et transparentes… (voir édition du 1er octobre 2001).
Un bien lent dégroupage
Face au faible nombre de lignes dégroupées, on peut effectivement s’interroger sur la rentabilité de ce marché. L’Autorité de régulation des télécoms évoque dans son tableau de bord de février 2002, seulement 500 lignes dégroupées après 13 mois d’ouverture à la concurrence de la boucle locale (voir édition du 29 mars 2002). Face à ce constat, Siris a donc décidé de jeter l’éponge et de poursuivre sa stratégie multi-accès en revendant les offres haut débit de France Télécom ou de tout autre opérateur. Une décision qui se veut a priori définitive.
Des coûts difficilement maîtrisés
Pour autant, le marché n’est pas si noir que cela. Colt, qui vise le marché des entreprises annonce aujourd’hui 400 clients sur Paris et les Haut-de-Seine avec en moyenne 50 clients nouveaux par mois sur le marché de l’accès dégroupé (voir édition du 21 septembre 2001). Au moment de la sortie du tableau de bord de l’ART, Colt estimait qu’il détenait 300 clients sur les 500 répertoriés en France. Ce n’est certes pas la panacée. Toutefois, Colt estime qu’avec un millier de clients fin 2003, il sera à l’équilibre. « On estime aujourd’hui que, pour être rentable, il faut une trentaine de clients par central. Nous devrions atteindre ce chiffre d’ici la fin de l’année », explique Frédéric Connault, directeur du programme DSL de Colt. Autre opérateur à avoir déjà commercialisé des offres dégroupées : Easynet. L’opérateur annonce à ce jour une centaine de lignes dégroupées dans neuf arrondissements de Paris. Toutefois, Jezabel Foricheur, chef produit connexion chez Easynet, confirme la difficulté à se déployer en France à cause des coûts énormes que nécessite le déploiement d’offres dégroupées. L’opérateur, afin de séduire les clients, a opté pour des offres nouvelles et originales. Ainsi le client peut choisir son débit à la carte par tranche de 100 Kbits/s ou payer uniquement sur le volume d’échanges de données et non plus sur la largeur de sa bande passante (voir édition du 8 novembre 2001).
Si Frédéric Connault de Colt estime que les conditions sont réunies aujourd’hui pour « élaborer un business qui tient la route sur le marché des offres dégroupées pour entreprises », il n’en est pas de même pour les offres résidentielles. Même si les récentes décision de l’ART condamnant les offres IP/ADSL de France Télécom « vont dans le bon sens », déclare la porte-parole de LDCom. Reste à l’opérateur historique d’accepter ces baisses d’ici le 28 mai et de présenter une nouvelle copie.
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