Smartphones : un casse-tête chinois pour Sony
La dynamique des entreprises chinoises sur le marché des smartphones contraste avec les incertitudes de Sony, pressenti pour annoncer de nouvelles suppressions de postes.
Des livraisons en hausse de 45 % pour Huawei sur l’année 2014, un volume de ventes multiplié par trois dans le même temps pour Xiaomi, une nette progression des activités à l’étranger pour ZTE : les fabricants télécoms chinois se livrent une bataille de chiffres pour illustrer leur montée en puissance sur le marché mondial des smartphones.
Qu’elle soit portée par le milieu de gamme, les services mobiles ou les terminaux 4G, cette dynamique contraste avec celle de Sony. Le groupe high-tech japonais a récemment émis un avertissement sur résultats, estimant à 230 milliards de yens (1,72 milliard d’euros) ses pertes sur l’exercice fiscal 2015 à conclure au 31 mars.
L’essentiel de ce déficit – en l’occurrence, 180 milliards de yens – serait généré par l’activité smartphones. Si bien que Sony prévoirait une nouvelle charrette de suppression de postes. La réduction d’effectifs annoncée en octobre dernier ne porterait plus sur 1000, mais 2000 emplois, soit environ 30 % de la masse salariale dans la division mobile.
Cette coupe sombre devrait être officialisée le 4 février prochain, lors de la présentation du bilan trimestriel. Elle concernerait essentiellement, d’après une source dite « proche du dossier » par le quotidien économique Nikkei, les activités en Europe et en Chine.
Plan B
Dans l’état actuel, Sony en reste à l’annonce d’un « plan à moyen terme […] qui impliquera une restructuration ». L’industriel nippon aurait vendu, en 2014, un peu plus de 41 millions de smartphones… alors qu’il prévoyait d’en écouler 50 millions.
L’heure est désormais au renforcement des partenariats avec les opérateurs télécoms, tout particulièrement aux Etats-Unis et au Japon. Il est également question de diminuer de 30 % le nombre de smartphones au catalogue, tout en mettant l’accent sur le haut de gamme.
Sony préparerait aussi des services logiciels conçus pour contrôler les équipements de la maison connectée. Sur ce segment, il lui faudra faire face à Xiaomi. La pépite chinoise compte multiplier les investissements dans les jeunes entreprises qui surfent sur les tendances en matière de mobilité et d’objets connectés. Elle dispose de réserves considérables après sa dernière levée de fonds (1,1 milliard de dollars fin 2014).
N’étant pas coté en Bourse, Xiaomi n’est pas soumis à des strictes exigences concernant la publication de ses données financières. Une lettre du fondateur et principal dirigeant Lei Jun a laissé entrevoir quelques éléments début janvier : Xiaomi a livré 61,4 millions de smartphones en 2014, pour environ 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
Huawei et ZTE aussi
Classé entre le 3e et le 5e rang mondial selon les études, Huawei assure avoir dépassé Xiaomi, avec 75 millions de smartphones vendus au cours de l’année (soit 45 % de plus qu’en 2013). En y ajoutant les feature phones, les tablettes et les équipements 3G/4G (clés, modems…), le volume de livraisons augmente de 7,8 % sur un an… quand le CA de la division grand public croît de 30 %, à 10,747 milliards de dollars.
Dans l’absolu, Huawei progresse plus rapidement en valeur qu’en volume. C’est le reflet d’une stratégie qui se porte de plus en plus sensiblement vers le milieu et le haut de gamme, aux prix d’efforts intensifiés sur le volet marketing et de lourds investissements en R&D (le groupe chinois ne communique d’ailleurs pas sur son résultat net).
Son compatriote ZTE ne publiera son prochain bilan financier que le 25 mars. Les prévisionnels – non audités et alignés sur les normes comptables de la République populaire de Chine – laissent toutefois apparaître un bénéfice net en hausse de 94,2 % sur 12 mois, le CA ressortant en croissance de 8 %, à 11,275 milliards d’euros.
ZTE se félicite de sa présence à l’international : les livraisons de smartphones aux Etats-Unis auraient augmenté de 50 % d’une année sur l’autre, contre 20 % dans le monde, selon le vice-président exécutif Adam Zeng, cité par Reuters.
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