Smartphones : le « plan B » de Huawei fonctionnera-t-il en Europe ?
La situation délicate de Google sur le marché européen pourrait ouvrir des perspectives pour Huawei si le contexte actuel venait à perdurer.
Google qui pleure, Huawei qui rit ?
Le contexte actuel prête à dire le contraire. Tout du moins pour le groupe chinois.
Ce dernier perd contrat sur contrat avec ses clients et ses fournisseurs en conséquence des mesures décrétées à son encontre par l’administration américaine. Sa position sur le marché des smartphones s’en trouve fragilisée.
Richard Yu assure que Huawei s’est préparé à une telle situation. En tout cas sur le volet logiciel.
L’intéressé, qui pilote l’activité grand public de la firme, fixe au 4e trimestre 2019 la disponibilité d’un système d’exploitation alternatif, voué à remplacer à la fois Android et Windows. Le lancement hors Chine interviendrait d’ici au 2e trimestre 2020.
Toujours selon Richard Yu, Huawei substituerait au Play Store de Google son propre magasin d’applications : l’AppGallery. Celui-ci est intégré de longue date sur les smartphones que l’entreprise vend en Chine. Il l’est aussi, depuis début 2018, sur ceux commercialisés dans le reste du monde.
Mais qui s’en sert vraiment ? Huawei ne communique pas sur ce point. Tout au plus le cap des 50 millions d’utilisateurs était-il visé pour fin 2018, à en croire Bloomberg.
Merci Bruxelles ?
Pour convaincre les développeurs de mettre leurs applications sur l’AppGallery en premier lieu pour le marché chinois, Huawei leur proposerait un modèle avantageux de partage de revenus. Ainsi qu’un accompagnement au développement de leur activité sur place.
La tâche reste compliquée pour les développeurs : des travaux d’adaptation sont nécessaires, certaines API (localisation, achats in-app…) n’étant pas disponibles avec le code source ouvert d’Android.
La lourde condamnation de Google en Europe pourrait ouvrir des perspectives pour Huawei.
Condamné pour des pratiques illégales sur le marché des terminaux mobiles vouées à asseoir la position dominante de son moteur de recherche, le groupe américain a pris des engagements. Entre autres, réviser les conditions d’exploitation d’Android dans l’Espace économique européen (l’UE additionnée de l’Islande, de la Norvège et du Liechtenstein).
Plusieurs changements sont ainsi entrés en vigueur en octobre 2018. Parmi eux, une contribution financière imposée aux fabricants qui souhaitent installer les services Google. Cela s’entend hors navigateur et moteur de recherche, qui font l’objet d’une licence séparée, leur préchargement n’étant plus nécessaires pour accéder au Play Store.
Ce changement de braquet pourrait favoriser l’émergence d’app stores alternatifs. Dans l’univers des PC, c’est une autre histoire, au vu de l’influence plus limitée du Microsoft Store.
Photo d’illustration © Huawei