« Yahoo a une barre de recherche et pour autant, ce n’est pas Google ».
Cette déclaration, on la doit à Evan Spiegel.
Le cofondateur et codirigeant de la société Snap – qui exploite l’application de communication Snapchat – a voulu, par ce biais, rassurer quant à la « créativité » dont ses équipes font preuve dans le développement de produits et de services.
Il venait d’être interrogé sur le danger que représente la concurrence exercée par Facebook, qui duplique de plus en plus de fonctionnalités initialement propres à Snapchat.
Les investisseurs scrutent de près cette rivalité, plus encore depuis que le réseau social de Mark Zuckerberg a annoncé avoir franchi le cap des 200 millions d’utilisateurs pour Instagram Stories… qui est précisément l’une de ces fonctionnalités « dupliquées ».
Les données d’audience fournies par Snap à l’occasion de son introduction en Bourse au mois de mars avaient déjà suscité la circonspection. Celles communiquées ce mercredi à l’occasion de la présentation des résultats financiers ont été accueillies d’autant plus froidement : dans les échanges d’après-Bourse, le titre a perdu près d’un quart de sa valeur, tombant presque en dessous de son niveau d’introduction.
Sur le 1er trimestre, Snapchat affiche une moyenne de 166 millions d’utilisateurs actifs par jour. D’une année sur l’autre, c’est 44 millions de plus, mais sur trois mois, la croissance est plus limitée (+ 8 millions) ; tout du moins en comparaison à celle d’Instagram Stories, dont la base a crû de près de 50 millions de membres sur la même période.
Le différentiel est également important sur le volet monétisation : alors qu’il atteint 4,23 dollars chez Facebook, le revenu par utilisateur s’élève à 90 cents chez Snap.
La valeur est plus élevée (1,81 dollars) sur le marché nord-américain (États-Unis, Canada, Mexique, Caraïbe), où se concentre pour l’heure le développement de l’activité, malgré une moindre progression de la base d’utilisateurs (+ 3 millions au cours du trimestre).
La contribution de cette zone géographique en termes de revenus est prégnante : Snap y dégage 86 % d’un chiffre d’affaires global de 150 million de dollars.
Dans l’absolu, l’indicateur quadruple presque en l’espace d’un an. La comparaison est cependant trompeuse, au vu de l’exploitation encore minimale du levier publicitaire à l’époque.
La publicité concentre effectivement la majeure partie des ventes de Snap, qui précise en l’occurrence que ses « autres sources de revenus » représentent 8,3 millions de dollars. Dans ce segment figurent les « Spectacles ». Si on s’en réfère au prix unitaire conseillé de 130 dollars, on peut déduire qu’il ne s’est pas écoulé plus de 100 000 exemplaires de ces lunettes connectées.
Snap insiste néanmoins : plus de 5 millions de contenus ont été créés avec ces « Spectacles » au cours du trimestre, sur un total de « plus de 3 milliards ». Une façon de mettre l’accent sur l’engagement des utilisateurs, à défaut d’une croissance en nombre.
D’une année sur l’autre, les dépenses d’exploitation progressent, avoisinant, à périmètre constant, les 200 millions de dollars. C’est une autre paire de manches si on y assortit l’exercice du bonus en actions accordé à Evan Spiegel dans le cadre de l’IPO. Avec les taxes associées, Snap affiche une perte de plus de 2 milliards de dollars.
Les fonds levés sur le NYSE ont porté la trésorerie à plus de 3 milliards de dollars, titres négociables inclus.
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