Régulièrement aux avant-postes des débats sur les logiciels libres et leur interopérabilité avec les systèmes propriétaires, la Commission européenne a envoyé l’un de ses experts au salon Solutions Linux, qui est organisé au CNIT de La Défense du 29 au 31 janvier 2008. Francisco Garcia Moran, directeur général de DIGIT (la direction générale de l’informatique) s’est attaché ce matin à présenter le rôle de cette branche de la Commission, qui est chargée de déterminer sa stratégie informatique, d’exécuter les programmes et de « proposer des législations ». Il a rappelé à cette occasion que « l’administration publique a été la première à prendre conscience de la vague de l’open source ».
Dotée de 27 représentations dans les Etats membres – et dirigée par 27 commissaires -, DIGIT doit entre autres « veiller au respect des uns et des autres » dans une Union européenne dont l’une des principales caractéristiques réside dans le fait qu’elle est multilingue et multiculturelle. Une préoccupation qui explique que deux des quatre projets de développement – en Java – dans lesquels elle s’est jusqu’ici investie portent sur le travail collaboratif et les enquêtes multilingues.
Quatre projets en Java
Le premier, dénommé CIRCAbc (pour « Communication and Resource Centre for Administrations, Businesses and Citizens »), doit sortir en février. Il s’appuiera sur la solution de gestion de contenus d’Alfresco pour offrir une plateforme d’échanges de documents entre groupes de travail. Le second, baptisé IPM, est déjà disponible en ligne. Il s’agit d’une application Web permettant de réaliser des enquêtes dans 22 langues. Elle est « désormais utilisée pour toutes les consultations officielles », selon Francisco Garcia Moran.
Les deux autres sont LAMJ, un équivalent de la plateforme LAMP (Linux, Apache, MySQL, PHP) pour lequel le langage PHP a été remplacé par Java (un choix privilégié par la Commission depuis 2003). Et ECAS (pour « European Commission of Application Service« ), une solution qui doit offrir « un point d’entrée vers toutes les applications développées », toujours selon Francisco Garcia Moran.
Objectif : partage d’applications entre administrations
Pour ce qui est des chantiers à venir, M. Moran précise que la Commission entend « mettre l’accent sur le partage d’applications entre les administrations » dans son plan d’action eEurope 2010, après avoir déjà encouragé la promotion de l’open source dans son plan eEurope 2005. Tout en reconnaissant qu’il n’y a « pas aujourd’hui de stratégie unique » et que DIGIT n’a « pas de mandat pour intervenir dans le domaine de l’e-gouvernement ».
Reste les épineuses questions des licences open source et des débats en cours sur la brevetabilité des logiciels. Sur le premier point, DIGIT a financé une étude « pour créer une licence européenne pour le logiciel libre » et « éviter la possibilité d’un conflit légal ». Il en résulte l’EUPL (ou « European Union Public licence »), qui a été validée par le service juridique de la Commission.
Sur la brevetabilité, en revanche, Francisco Garcia Moran reconnaît qu’il s’agit d’un « sujet assez sensible » et qu’il n’en « sait pas plus sur l’état d’avancement du dossier ». Reste enfin la question, elle aussi brûlante, de l’émergence d’une multitude de nouveaux contenus en ligne, diffusés en streaming, pour lesquels l’interopérabilité n’est pas toujours garantie. « Je prends note de votre demande, c’est tout ce que je peux vous dire », conclut-il.
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