WikiLeaks en avait gardé sous le coude.
A l’heure où son fondateur Julian Assange atteint le cap des trois ans passés dans l’ambassade d’Équateur à Londres (pour éviter une extradition vers les Etats-Unis, où la justice lui demande des comptes), l’association à but non lucratif a publié, la semaine dernière, une nouvelle série de documents issus du piratage informatique subi en novembre 2014 par Sony Pictures.
L’archive « Sony Files Part 2 », mise en ligne jeudi, porte à plus de 475 000 le nombre de pièces à conviction (e-mails, scripts, éléments juridiques et financiers…) relatives à l’activité du studio de production et de diffusion cinématographique filiale du groupe Sony.
On y trouve des échanges d’e-mails parfois très particuliers, comme lorsque l’équipe dirigeante aborde la question de l’herpès et des risques de transmission entre acteurs. Ces derniers doivent ainsi, avant le tournage d’un film, signaler s’ils souffrent de cette maladie virale, de quelle manière elle se manifeste et quelles en sont les causes.
D’autres conversations ont une teneur plus politique. Ainsi la première vague de fichiers publiée en avril avait-elle révélé des tractations entre Michael Lynton (CEO de Sony Pictures) et le président Barack Obama pour financer la campagne du gouverneur de New York Andrew Cuomo, très impliqué dans la lutte contre le piratage des œuvres numériques.
Assortie d’un moteur de recherche, l’archive comprend aussi des scripts de films non encore sortis en salles. Elle laisse aussi entrevoir l’inquiétude d’Amy Pascal (coprésidente de Sony Pictures au moment du hack ; son départ a été annoncé en février) concernant la diffusion de la comédie The Interview, celle-là même qui serait à l’origine de la cyber-attaque attribuée à la Corée du Nord.
Poursuivi en justice par plusieurs employés pour défaut de protection de leurs données personnelles, Sony Pictures a justement demandé aux médias – au nom du respect de la vie privée des quelque 47 000 personnes touchées – de supprimer toutes les informations qu’ils avaient pu récupérer dans la continuité du hack. Tout en jugulant la communication de ces mêmes informations au grand public via des canaux comme Torrent.
Pour Julian Assange, il est regrettable de ne pas pouvoir « gratter sous la surface ». Le cybermilitant australien estime que tous ces documents dont Sony essaie d’endiguer la propagation « fournissent de précieux renseignements sur le fonctionnement d’une multinationale très influente » et constituent « une vrai valeur ajoutée au coeur d’un conflit géopolitique ».
Sony Pictures considère au contraire que ces éléments ne relèvent pas du domaine public. Et de citer le cas de Sylvester Stallone (dont le numéro de Sécurité sociale a été exfiltré) ou encore de Daniel Craig (dont on connaît désormais le pseudonyme « Olwen Williams ».
Difficile par ailleurs d’éclipser le côté « people » de ces révélations : inégalités salariales (Jennifer Lawrence et Amy Adams moins bien payées que Bradley Cooper et Christian Bale dans American Hustle), animosités entre Amy Pascal et Leonardo DiCaprio, infos casting (Peter Dinklage de Game of Thrones dans le reboot de Ghosbusters)…
Crédit photo : GlebStock – Shutterstock.com
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