VNUnet : Quel regard portez-vous sur la Net-économie ? Pensez-vous que le monde des start-up constitue une économie à part ?
Gérard Filoche :Certainement pas. Pour moi, l’univers des start-up ne représente rien de nouveau. Les sociétés qui exploitent des gens au travers de longues heures de travail n’ont strictement rien de neuf. La petite entreprise de confection de chaussures ou une start-up du monde d’Internet sont exactement identiques. On tend à nous faire croire que la Net-économie est quelque chose à part, que l’ambiance est différente, que la souplesse du travail donne une certaine liberté d’action et d’innovation pour les salariés. Mais c’est faux. Lorsque j’entends que les relations de travail dans une start-up sont meilleures que dans une entreprise classique, ce n’est vraiment pas ce que je vois sur le terrain. Tout comme une entreprise de « l’ancienne » économie, il y a un patron, et qu’on le tutoie ou qu’on le vouvoie, c’est quand même lui qui embauche, qui peut remercier les gens et qui est le mieux payé. Dès lors, en quoi les relations sont-elles différentes ? Et lorsque l’on me parle d’horaires à la carte, cela se transforme souvent plus en des horaires supplémentaires qu’en un avantage pour le salarié.
VNUnet : Trouve-t-on dans ces start-up plus d’irrégularités au droit du travail que dans les entreprises classiques, et quelles sont-elles ?
Gérard Filoche :Je dirais qu’il n’y a ni plus ni moins d’irrégularités dans ces jeunes pousses que dans les PME ou grandes entreprises.
Comme dans toutes entreprises, les irrégularités constatées sont d’abord des problèmes d’horaires, de salaires, mais aussi d’hygiène et de sécurité. Sur ce point, il n’est pas rare de voir des start-up se monter dans des locaux de petite taille ou les gens s’entassent, augmentant de façon certaine le stress. Une image très proche de celle des ateliers de couture dans le 13ème arrondissement de Paris… La seule différence est la présence d’ordinateurs à la place de machines à coudre.
VNUnet : D’un autre côté, le salaire attractif apporte une certaine contrepartie à ces inconvénients…
Gérard Filoche :Je ne suis pas d’accord. Les salaires sont peut être élevés, je le concède, mais rapportés au nombre d’heures de travail, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas si intéressants.
Dernièrement, un jeune m’expliquait qu’il était heureux d’avoir un salaire net de 11 000 francs. Mais ce même salaire rapporté au nombre d’heures effectuées équivaut à peine à un SMIC.
VNUnet : Estimez-vous que ces start-up ont les moyens humains ou financiers de respecter le droit du travail ?
Gérard Filoche :Le problème n’est pas là. A partir du moment où l’on crée une entreprise, il faut respecter un certain nombre de choses, et les règles du droit du travail en font partie. Ils vivent sous la même république, donc la loi s’applique pour tous de la même manière. Mais je crois qu’effectivement, ces entreprises peuvent appliquer la réglementation notamment en embauchant du personnel, ou en étant attentives à leurs employés. Seuls les actionnaires auront un retour sur investissement moins important.
VNUnet : Vous n’avez donc pas une approche différente pour ces start-up par rapport aux autres entreprises lorsque vous les contrôlez ?
Gérard Filoche :Je contrôle de la même manière toutes les entreprises quelle que soit leur activité. L’Etat édicte des règles dans le domaine du droit au travail, mon rôle est de vérifier si les entreprises les appliquent. L’excuse de produire quelque chose ou d’être dans une économie innovante ne tient pas. L’innovation existe aussi pour chaque entreprise et il ne peut y avoir d’exception.
VNUnet : Vous avez déclaré à l’instant que les start-up, par rapport aux entreprises classiques, n’avaient ni plus ni moins d’irrégularités. Pourtant, l’absence de syndicats dans la Net économie est flagrante. Cela revient-il à dire que l’arrivée des syndicats ne va pas changer grand-chose ?
Gérard Filoche :La syndicalisation va de toute façon finir par arriver aussi dans ce secteur. Je commence à le voir dans les entreprises. Club-Internet en a d’ailleurs fait l’expérience avec la grève de la faim d’un salarié syndiqué
qui voulait amener la direction à négocier. Ces entreprises sont nouvelles et il faut laisser le temps aux syndicats de se créer. En attendant, je ne crois pas que l’absence de syndicats soit due à la jeunesse des employés. Il y a suffisamment de grèves dans les lycées pour donner aux jeunes un esprit militant. L’avenir de ces start-up passera par la syndicalisation des salariés au fur et à mesure qu’elles grandiront, de la même façon que pour une entreprise classique. On ne trouve pas non plus de syndicats dans toutes les entreprises dites classiques.
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