Stéphane Dubreuil (SIA Conseil) : la 3G de Free passe par Orange : « fin d’un poker menteur »

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Quel impact de l’accord de roaming 3G entre Orange et Free Mobile ? Quels enjeux ? Interview du directeur Télécoms – Médias de la société de conseils en management et stratégie.

ITespresso.fr : Quel est l’impact d’un tel accord sur la concurrence des MVNO ?
Stéphane Dubreuil : En décembre, SIA Conseil a publié une étude de marché sur la consolidation des opérateurs mobiles virtuels. L’accord Orange – Free va accélérer le mouvement. La pression concurrentielle va être encore beaucoup plus forte pour les MVNO. Les prix des offres mobiles n’ont jamais été aussi bas depuis un an (le quadruple play de Bouygues Telecom avec Ideo, multiplication des offres d’appels en illimité…). Globalement, les prix des communications ont baissé de 10 à 20%. Et cela va s’accentuer. C’est une bonne nouvelle pour le consommateur. Mais pour les acteurs MVNO un peu fragiles, ce sera assez compliqué faute d’assises financières.

ITespresso.fr : Avec l’accord Orange – Free, les relations qu’entretient l’opérateur hôte avec Virgin Mobile (son plus gros client MVNO qui veut bénéficier d’un statut « full MVNO ») vont-elles changer ?
Stéphane Dubreuil : Ce n’est pas évident mais cela peut être positif. La direction de France Telecom – Orange va peut-être rouvrir le dossier « full MVNO » pour Virgin Mobile [statut qui accorde une plus grande liberté commerciale et de flexibilité réseau, ndlr]. Auparavant, c’était impensable. Il est clair que la concurrence va s’intensifier : Virgin Mobile est positionné sur les jeunes en termes de marketing. Free, c’est plutôt la cible geeks. Les deux acteurs vont se lancer dans les offres quadruple play (Virgin Mobile l’a déjà annoncé). Avec la concurrence qui se raffermit, le dossier « full MVNO » pourrait être remis au goût du jour. Et on pourrait imaginer que Free en profite le premier. Car Free sera un MVNO dans un premier temps.

ITespresso.fr : L’accès à la 3G, c’était le dernier obstacle de Free Mobile avant le démarrage commercial ?
Stéphane Dubreuil : Non. L’accord roaming 3G est une épine en moins dans le pied de Free. Mais il reste trois obstacles importants à surmonter : le déploiement rapide et large de son infrastructure (avec la pose d’antennes), la distribution physique (Free n’en dispose pas pour écouler ses offres ADSL) et sa capacité à contourner les stratégies des opérateurs (durée d’engagement, terminal subventionné comme le smarphone…). Comment modifier les paradigmes du marché ? C’est un vrai challenge.

ITespresso.fr : Mais, a priori, cela n’empêchera pas Free Mobile de démarrer ses activités commerciales en 2012 ?
Stéphane Dubreuil : Je pense qu’il y arrivera. Et je ne suis pas sûr que le seuil de couverture de 25% de la population (objectif difficile à contrôler fixé par l’ARCEP pour le démarrage de Free Mobile) constitue un écueil (update 04/03/11 : bien lire « population » et non « territoire » comme indiqué auparavant).

ITespresso.fr : Orange lâche la bride sur la 3G. C’est pour mieux se concentrer sur la 4G [attribution des licences prévues avant l’été 2011, ndlr]?
Stéphane Dubreuil : Je ne pense pas que ce soit lié. Je le redis : C’est surtout un moyen pour compenser la perte du marché MVNO La Poste au profit de SFR et pour financer le bloc résiduel 3G.

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